Le pin maritime est un des résineux les plus riches en matières résineuses, contenant de la résine, de la colophane, de l’essence de térébenthine et du
goudron.
Toutes ces matières résineuses sont présentes de l’extrémité de ses racines jusqu’au bout de ses aiguilles en passant par ses pignes (ou cônes) et son pollen.
Toutes ses matières résineuses sont situées juste sous l'écorce au niveau du liber (ou écorce interne).
Toutes ses matières résineuses sont hautement inflammables.
Le pin maritime est un allume-feu des pieds à la tête.
Le pin maritime est un arbre torche. Il en est de même pour son cousin venu des États-Unis, le pin taeda, dont le sens est celui de « torche » en latin.
Au moins dès l'antiquité, les sociétés humaines ont utilisé le pin pour :
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ses qualités résineuses : utilisé comme bois d’œuvre dans la construction des habitations et des navires (tels que la pinasse), les produits résineux servent a
calfater les navires, protéger les voiles et les cordages ;
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ses qualités calorifiques bien supérieures au chêne : utilisé comme bois de chauffe dans la vie quotidienne et la cuisine, comme dans la fabrication du
pain
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sa souplesse et flexibilité avec sa richesse en goudron : ses racines et aiguilles sont utilisées en vannerie, dans la confection de paniers ;
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les qualités tanniques de son écorce : son tan (ou poudre de son écorce) sert a imprégner les filets de pêche pour les protéger ;
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ses qualités médicinales avec des boissons à base de goudron de pin ;
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ses qualités inflammables : ses branches sont utilisées dans la fabrication de torches ; ses produits résineux dans la fabrication de bougies et de lampes à
huile ; ses fragments, comme ses pignes et ses aiguilles dans la fabrication d’allume-feux, comme dans le cas des éclades de moules ;
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ses qualités carboniques : dans l’industrie du XIXe siècle, c’est le charbon de bois de pin que l’on utilise dans les forges de Gascogne, Pontenx-les-Forges,
Bernos-Beaulac, Préchac, Saint-Michel-de-Castelnau ; de 1934 a 1945, le charbon de bois de pin est aussi utilisé dans fabrication de gazogènes ou carburants gazeux pour les véhicules ;
Lui ont donné une place symbolique dans leurs cultures :
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le cône de pin apparaît dans de nombreuses œuvres d'art, en peinture comme en sculpture ;
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les branches de pin décoraient la porte d'entrée de la maison du défunt dans l’antiquité ;
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les boulettes de pollen de pins embrasées pour éclairer les scènes de théâtre ;
Et en ont fait une arme dans leurs exactions et actes guerriers :
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les feux grégeois, à base de résine et térébenthine qui restent enflammés sur l'eau ;
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les chrétiens badigeonnés avec de la résine pour éclairer les rues de Rome sous Néron ;
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dans l'antiquité grecque, les bûchers sacrificiels étaient alimenté avec du frêne, de l’if et du pin et le flambeau nuptial consistait en javelles de pin
allumées ;
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les protestants enduisaient de résine les portes des églises pour les incendier ;
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au XVIe siècle, on pratique la pêche au feu : de nuit, des foyers sont allumés sur les bateaux de pêche pour attirer les brochets, loups et anguilles ; ce sont
les branches et attelles de pin qui sont brûlées car leurs flammes sont intenses et lumineuses ;
Les dérapages du pin allume-feu commencent dès le XIXe siècle :
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A partir de 1850, la colonisation foncière et industrielle avec les plantations de pins maritimes intensifie la vente des produits résineux et des allume-feux.
La société Les Allumettes Landaises dont le siège est à Paris commercialise dans toute la France des allumes-feu à base de résine et de pignes de pin ; par des encarts publicitaires elle
vante ces produits dans les journaux nationaux ;
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des fours à goudron (goudronneuse) alimentés par des racines et souches de pin, parties les plus riches en matières résineuses, explosent à cause de dégagements
d'essence de térébenthine mal gérés ;
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des usines de distillation de résine prennent feu et sont entièrement détruites, comme cela a été le cas à Saint-Symphorien, Mios, et dans le quartier de
Sainte-Croix et Bacalan à Bordeaux, ou le Conseil Départemental finit par y interdire les usines de résine ;
147 - 1869
ALLUMETTES LANDAISES
Nous lisons dans le journal La Houille
« La société. qui s'est fondée pour l'exploitation des nouveaux allume-feux, dits Allumettes landaises, dont le siège est 36, rue de Saint-Pétersbourg, ayant
exprimé le désir (d'en faire un essai dans les bureaux de La Houille, 10, Chaussée-d'Antin, en présence de plusieurs marchands de charbon, nous y avons consenti. — Trois allumettes de moyenne
grandeur, formant ensemble à peine lu volume d'une seule pomme de pin, ont déterminé en quelques minutes, sans le secours d'autres combustibles, l'embrasement d'une grille pleine de gros charbon.
Ce résultat nous a démontré l’efficacité et l'économie de ces Allumettes Landaises, grâce auxquelles on peut se dispenser d'une foule d'accessoires encombrants.
» Mais, selon nous, la Société des Allumettes Landaises se trompe, quand elle attribue à cette économie même l'hésitation qu'elle paraît avoir rencontré
dans le principe auprès de la plupart des marchands de charbons et de bois. Il est évident, au contraire, que cette invention doit, être aussi bien accueillie par le marchand (que par le
consommateur; car si d'un côté elle produit une économie de menus combustibles, de l'autre elle tend à généraliser, en le facilitant, l'usage du charbon pour foyer domestique. Aussi le
recommandons nous vivement il nos lecteurs. — La Société fait, du reste gratis, à domicile, sur une simple demande, toutes les expériences désirées.»
Ouvrage de José Cubéro, paru en 2019, éditeur CAIRN à Pau.
La page de couverture est un cliché de l'incendie de 1949.
Elle montre la combustion de la résine (gemme) et de l'essence de térébenthine tout le long du tronc d'un pin maritime.
Cela ne peut pas se produire sur un tronc de feuillus de nos contrées.
Cette photo est sans appel sur le danger permanent de la très haute inflammabilité du pin maritime.
La transpiration du feu.
Gouttelettes et suintements
de résine inflammable.