Publication theconversation.com - 30/10/2022
Pins Maritimes d'Aquitaine, Des Nids à Incendie 001
Des cartes postales illustrant des pare feux sont largement éditées et diffusées.
2002
(Source 117 R. Aufan)
La tormentine de soleil
Le produit essentiel était donc le galipot qui était ensuite transvasé dans un « barque » afin d'obtenir la tormentine ou térébenthine de soleil. La description la plus récente du barque fut donnée en 1810 par le docteur Thore et fut souvent reprise. En 1829, Hector de Galard, dans une lithographie où la résinière est représentée de manière idyllique, nous en a, lui aussi, donné une image fidèle et, puisque l'Encyclopédie en parle dans les mêmes termes, on peut penser que la même technique était utilisée auparavant.
D'ailleurs, dans l'Antiquité, c'est déjà par exposition au soleil qu'est traitée la gemme afin que s'en évapore «l'huile essentielle ».
Publication HAL open source - 22/10/2021
Le feu est dans la lande ou l'incendie comme fait social
1953
114 C. Bouchet
Mais le pin va disparaître par le feu. De 1943 à 1946 4900 hectares de pignadas sont détruits par l'incendie pourtant il y avait une bonne organisation locale de défense. Seuls quelques bouquets de chêne ont résisté au feu.
Le bel exemple donné par M. Jean-Paul Salefran qui a tenté l’aménagement agricole et pastoral de son domaine :
Il a d'abord défriché les zones pare-feu, travail fort coûteux»
Il a mis en culture les terrains défrichés, en essayant de produire du fumier artificiel en partant du soutrage, procédé qui s'est malheureusement révélé également trop coûteux.
Il a introduit des cultures nouvelles, la pomme de terre, l'avoine, l'asperge, les arbres fruitiers, les prairies temporaires.
Enfin, il a développé l'élevage. Il a maintenu son troupeau de moutons, le dernier de la commune.
Malheureusement, il faut l'avouer, son exemple n'a pas été suivi.
D'une manière générale, les propriétaires n'ont pas voulu renoncer à la culture du pin.
Sur une partie des surfaces incendiées, sur lesquelles le feu n'est passé qu'une seule fois, il s'est produit un réensemencement naturel. Dans la haute lande, où le feu est repassé plusieurs fois et où il n'y a plus à espérer de semis naturels, les propriétaires ont eu recours au Fonds Forestier National pour obtenir de la graine et ils ont resemé. De même, on ne se préoccupe pas du mélange du feuillu au pin que tous nos grands anciens préconisaient.
« Ni les particuliers, ni la commune, constate M. Charles Bouchet ne cherchent à associer les feuillus aux résineux, ni même à les disposer en rideaux pare-feu. »
Et pourtant le feuillu ne demande qu'à se réinstaller : le tremble et aussi le chêne tauzin dont-les cépées rejettent vigoureusement.
« La culture ne rapporte pas », disent les propriétaires découragés, laissant terres et prés à l'abandon. En réalité, ce sont les traditions paysannes de jadis qui sont perdues.
1952 - 3.300 hectares incendiés.
Le propriétaire landais doit se soumettre aux programmes d'ensemble élaborés par les personnalités compétentes. Il doit accepter et laisser réaliser l'ouverture des grands pare-feu qui découperont le grand massif landais. Je me suis laissé dire que le projet de grands pare-feu avait été mis en sommeil, pour calmer certains mécontentements.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1948
91 L. BERGOGNE.
Les forêts de pin maritime sont envahies dans les Landes de Gascogne par un sous-bois abondant, composé de trois espèces principales :
— la brande (Erica scoporia) ;
— l'ajonc (Ulex europæus) ;
— Taouguitche (Molinia coerulea).
L'entretien de ces forêts n'ayant pu être effectué normalement pendant les années de guerre, il n'est pas douteux que l'abondance du sous-bois est, avec la sécheresse de ces dernières années, la cause principale des graves incendies qui ont ravagé le massif landais.
Il faut donc supprimer le sous-bois. C'est une opération urgente parce que l'ajonc et surtout la brande forment maintenant des fourrés élevés et difficilement pénétrables, tandis que la molinie devient envahissante et que ses feuilles desséchées constituent au printemps un aliment pour le feu extrêmement dangereux.
C'est aussi une opération difficile et onéreuse parce qu'elle porte sur des centaines de milliers d'hectares et doit, pour être efficace, être renouvelée tous les quatre ou cinq ans.
La destruction du sous-bois est donc, à juste titre, la préoccupation essentielle et constante du propriétaire forestier landais. Devant l'ampleur de la tâche à accomplir, il faut tout mettre en œuvre pour arriver à un résultat rapide et pratique.
Le problème étant ainsi posé dans toute sa gravité, il convient de l'étudier dans son ensemble et d'envisager successivement les quatre méthodes possibles :
— le débroussaillement mécanique,
— le débroussaillement biologique,
— le débroussaillement économique,
— le débroussaillement chimique.
Les Landes subissent les terribles méfaits de la monoculture. Il faut donc développer la production agricole, constituer comme dans le Marenssin un massif forestier entrecoupé de cultures et de prairies qui sont les meilleurs pare-feux.
Il faut toutefois remarquer que la récolte de la gemme risque d'être moins intéressante à l'avenir qu'elle ne l'était jadis. On trouve de moins en moins de résiniers et il est permis de craindre qu'un jour les produits synthétiques ne viennent concurrencer dangereusement l'essence de térébenthine et la colophane.
La forêt landaise devra peut-être s'orienter vers la production du bois d'œuvre. Il sera possible alors d'élever des peuplements plus denses et de faire appel à des espèces moins combustibles et à couvert plus épais.
C'est un point qui devra retenir l'attention des services du Reboisement et comme l'expérimentation en matière forestière s'étend sur une longue période il faut, dès maintenant, entreprendre des essais d'acclimatation d'essences nouvelles, auxquelles le forestier pourra plus tard faire appel en appliquant
les résultats de l'expérience acquise.
Dans une étude récente, M. Jagerschmidt, bien connu dans les milieux forestiers du Sud-Ouest, a prouvé par des exemples concrets :
— que le sous-bois feuillu, et en particulier le sous-bois de Chêne rouge d'Amérique, détruit la brande en se substituant à elle ;
— que le sous-bois feuillu protège le peuplement principal de pin maritime contre l'incendie ;
— que le sous-bois feuillu semble le protéger également contre les attaques des bostriches ;
— que le sous-bois feuillu favorise nettement l'accroissement du peuplement principal de pin maritime.
Si nous reconnaissons, l'impossibilité d'appliquer actuellement à l'ensemble de la forêt landaise les procédés séduisants dont il est fait mention ci-dessus, nous préconisons cependant de les utiliser à la constitution de rideaux pare-feux.
Il faut de toute urgence rompre l'uniformité de la forêt landaise qui, de Bordeaux à Bayonne et de Nérac à l'Océan, ne comprend que du pin maritime.
Il faut créer des bandes de 30 à 50 mètres, composées uniquement de feuillus : platanes, chênes d'Amérique, aunes, robiniers, etc., plantés très serrés de façon à tuer le sous-bois.
Il faut réaliser dans la forêt de pins un véritable quadrillage avec des arbres à feuilles larges, dont l'ombre épaisse détruira la brande et l'ajonc.
Ces écrans de feuillus n'arrêteront pas toujours le feu par leur seule présence, mais, le sous-bois étant moins haut et moins dense, ils obligeront la flamme à baisser d'intensité. Au lieu d'un feu de cimes, qui franchit aisément les pare-feux les plus larges, nous aurons un feu courant et bas.
Certes, nous n'ignorons pas que cette plantation de feuillus exige d'être conduite avec méthode et ténacité. Il faudra, dans chaque cas particulier, choisir les espèces susceptibles de prospérer, adopter des méthodes variées et surtout de faire accepter par les propriétaires le sacrifice de consacrer des centaines d'hectares à d'autres arbres que le pin maritime.
Le salut de la forêt landaise est à ce prix cependant.
Comme les feuillus poussent lentement, il ne faut pas attendre plus longtemps pour les introduire dans les reboisements des zones incendiées. Tout le monde sait que les moutons et surtout les chèvres sont les meilleurs débroussailleurs.
Depuis longtemps, les voix les plus autorisées préconisent la reconstitution du cheptel ovin landais, qui serait vraiment un facteur de grande prospérité pour le pays à une époque où la forêt ne suffit plus à faire vivre la population. Les vieilles gravures ont rendu célèbre le berger landais, gardant son troupeau dans une lande marécageuse, perché sur ses échasses et filant sa quenouille.
L'idée vient naturellement à l'esprit de faire revivre les vieilles traditions et de réinstaller les moutons sur les terres d'où la forêt les a chassés il y a moins d'un siècle.
Quel magnifique programme que cette alliance de la forêt et du pâturage !
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1945
89 Ordonnance n° 45-852 du 28 avril 1945
Néanmoins, la forêt landaise est en train de péricliter, bien que, dans sa majeure partie, elle ne date pas de plus de quatre-vingts ans.
De l'insuffisance totale du réseau routier forestier ;
Du très mauvais entretien des fossés d'assainissement ;
Des ravages causés par les incendies de forêts ;
L'existence de ces étendues désertiques de dizaines de milliers d'hectares pratiquement abandonnées par leurs propriétaires à la suite d'incendies ou de coupes non régénérées, est indigne d'un grand pays comme la France.
En 1943 et 1944, près de 200.000 hectares de forêt landaise ont été incendiés et, à cette cadence, il faudra moins de vingt années pour anéantir complètement par le feu le massif forestier du Sud-Ouest. L'État doit suppléer immédiatement à l'impuissance des propriétaires landais.
Il faut également éviter que dans quelques dizaines d'années les descendants des propriétaires forestiers actuels se trouvent dans une situation pénible et critique comparable à celle qui affligeait nos populations de la Gascogne avant 1857.
ART. 5. — Les travaux d'intérêt général peuvent être, s'il y a lieu, déclarés d'utilité publique et urgents, par arrêté du ministre de l'Agriculture pris sur avis de la Commission centrale prévue à l'article 1.
Les terrains nécessaires à l'établissement des routes et chemins ainsi qu'à l'établissement des canaux et fossés, pistes, pare-feu et points d'eau d'intérêt général sont acquis par l'État.
Les expropriations sont poursuivies suivant la procédure d'urgence prévue par la loi provisoirement applicable du 11 octobre 1940 pour les travaux destinés à lutter contre le chômage, modifiée par la loi provisoirement applicable du 31 décembre 1942.
ART. 6. — Les propriétaires sont tenus d'effectuer les travaux de débroussaillement qui sont reconnus nécessaires à la protection des massifs forestiers par le conservateur des Eaux et Forêts.
Faute par les propriétaires d'effectuer les travaux prévus dans les délais prescrits, ceux-ci sont exécutés par l'État et le remboursement de la dépense est poursuivi par l'Administration des Eaux et Forêts.
Les mémoires de frais sont arrêtés par le préfet qui les rend exécutoires si les intéressés ne les ont pas réglés dans un délai d'un mois à dater de leur notification.
Fait à Paris, le 28 avril 1945.
C. DE GAULLE.
(J.0. du 29 avril 1945.)Source gallica.bnf.fr / BnF.
1945
71 R. Sargos
L'ingénieur Crouzet crée le domaine de Solférino en 1854. il a créé un domaine forestier et agricole d'une étendue de 7.654 hectares, comprenant :
Semis de pins maritimes : 6.339 hectares
Plantations de mêmes essences : 708 —
Plantations de bois feuillus : 364 —
Cultures agricoles sur défrichements : 243 —
La nouvelle forêt, surtout, est menacée et Crouzet, qui, dans plusieurs rapports antérieurs, avait dénoncé, le premier, le danger de ces incendies, propose, dans son premier rapport d'ingénieur en chef, en 1863, de compléter le réseau de chemins vicinaux « par des zones de pare-feu établies sur le périmètre de chaque commune ».
De même, Crouzet est le précurseur des pare-feu plantés de bois feuillus, qu'il préconise, pour empêcher la propagation des incendies, dans ses « Notes sur la Situation des Travaux du Domaine impérial des Landes au Ier septembre 1859 et au Ier septembre 1861 ». Il est donc le précurseur du « pare-feu de circulation » que
M. Gabriel Dubourg, dans son étude -de 1929 sur « Les incendies de forêts », trop oubliée déjà, déclarait devoir être substitué au « pare-feu de protection », que Crouzet, en 1869, affirmait inefficace, s'il n'était décapé deux fois par an.
Et lorsque, le 18 juin 1932, au « Congrès de la Forêt du Sud-Ouest et de ses industries », nous avons condamné, au nom du Syndicat des Propriétaires forestiers du Sud-Ouest, le « pare-feu de protection », et fait adopter, aussitôt après, des statuts-types d'association syndicale contre l'incendie consacrant le principe du « pare-feu de circulation et d'assainissement », que nous appliquons depuis dix ans dans la région de Pissos et dans
celle de Mimizan—Aureilhan—Saint-Paul, nous ignorions que nos conceptions étaient déjà celles de Crouzet, soixante-dix ans auparavant.
De même, Crouzet est le précurseur des pare-feu plantés de bois feuillus, qu'il préconise, pour empêcher la propagation des incendies.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1945
72 Ph. GUINIER.
Mais le gros danger auquel sont exposées les forêts de Pin maritime est l'incendie. Protéger les pignadas contre l'incendie a été un des soucis dominants de Chambrelent.
En 1872, dans un mémoire, il a établi clairement les causes des incendies, discernant le rôle, de plus en plus restreint, de la malveillance, mais par contre celui, considérable, de la négligence ou de l'imprudence des habitants.
Dès cette époque, il demandait que fut votée pour les Landes une loi spéciale, analogue à la loi du 6 juillet 1870, applicable à la région des Maures et de l'Esterel. Un projet, à l'élaboration duquel il participa activement, fut préparé en 1873. Mais devant l'opposition d'habitants du département des Landes, mal éclairés sur les dispositions de la loi, et par suite de l'intervention de parlementaires de ce département, le projet ne fut pas présenté ; le dossier fut même égaré.
Un projet allait être mis à l'étude quand, à nouveau, l'opposition de certains parlementaires du département des Landes décida le ministre à ajourner toute mesure.
La forêt, ancienne ou nouvelle, est exposée à divers dangers. On se plaint parfois de la pullulation de certains insectes, ou encore de la fréquence de certains champignons parasites. Mais, avant tout, un fléau sévit qui détruit les peuplements productifs et anéantit les espoirs fondés sur des peuplements en voie de croissance : l'incendie parcourt chaque année des milliers d'hectares. Le grand danger qui menace la forêt landaise et compromet son avenir est l'incendie.
Sur ce point, il est pénible d'être obligé de reconnaître que la situation n'a pas sensiblement changé depuis cinquante ans, époque à laquelle Chambrelent multipliait ses appels angoissés.
La question de la protection de la forêt contre l'incendie a cependant été étudiée. Les moyens de défense sont connus : mais il reste à les mettre en œuvre.
Si sur certains points quelques résultats ont été obtenus, on n'a pu aboutir encore à l'établissement d'un réseau de pare-feu assez nombreux et assez larges pour être vraiment efficaces. La plantation dans les pare-feu d'essences feuillues qui, étouffant la végétation arbustive et maintenant l'humidité, constitueraient des rideaux incombustibles, donnerait d'heureux résultats.
Si, jusqu'à présent, aucune réalisation n'a été obtenue, c'est à cause de l'indifférence ou de l'opposition des intéressés : les conséquences ont été désastreuses.
Il est temps de réagir : il ne faut pas qu'un individualisme excessif et le refus d'accepter des charges dans l'intérêt général de la communauté soient plus longtemps des causes d'échecs.
La défense de la forêt landaise contre l'incendie est affaire d'entente et de solidarité.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1943
35 J. JAGE SCHMIDT et J.-P. SALEFRAN.
C'est à 150.000 hectares que sont évaluées les étendues ravagées par l'incendie dans la forêt landaise. Il faut nous préoccuper de rendre la forêt de pin maritime moins vulnérable par l'introduction de feuillus en mélange, en particulier par celle du chêne rouge d'Amérique.
Le chêne d'Amérique est venu à merveille sur la commune de Lugos, dans la partie centrale de la forêt landaise, à la limite de la Gironde et des Landes.
Dès la quinzième année, bruyères et ajoncs commencent à être étouffés. Plus tard, la régénération naturelle s'installe.
La preuve a été faite qu'un tel sous-bois arrête les incendies.
En outre, les résineux profitent abondamment de l'humus produit par la feuille de chêne.
R.-M. VERHAGEN
Les pare-feu sont étudiés au point de vue de leur orientation relative et l'auteur déclare que le tracé en damier rectangulaire paraît le plus efficace. Leur disposition doit répondre à la règle édictée par Vauban en matière de fortification : « Il faut être fort dans les secteurs d'attaque probable », d'où un resserrement des pare-feu dans les secteurs dangereux : chemin de fer, bordure des landes, carbonisation, scieries, etc.
La largeur des pare-feu variera de 30 à 100 mètres, suivant leur position dans le système général et les peuplements voisins.
Le réseau des communications comprendra toute une hiérarchie qui s'étend des pistes principales où les véhicules automobiles roulent à 30 kilomètres à l'heure au moins, aux pistes charretières et aux pistes secondaires.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1937
6
Il est également vrai qu'en ces quarante dernières années, la forêt de pin n'a cessé de gagner, mais moins encore sur les landes et marais que sur les terres à seigle et sur les vignes.
Soit, en moyenne et en chiffres ronds, 90 cares à l'hectare produisant 144 litres de gemme, à raison de 1 1.6 par care ; soit au total pour la forêt landaise : 1.300.000 hectolitres de gemme.
La distillation a produit 194.468 quintaux d'essence de térébenthine et 687.849 quintaux de brais et colophanes.
Nous pouvons donc admettre, avec leur qualité actuelle, trop défectueuse d'ailleurs, que 1 hectolitre de gemme donne en moyenne 88 kg. 5 de produits utiles, dont 19 kg. 5 d'essence de térébenthine et 69 kilos de brai et colophane.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1936
70 R. Pallu
Le Pin maritime, carburant forestier de premier ordre, par Roger PALLU (communication présentée aux journées de Mont-de-Marsan,).
Aujourd'hui, la preuve est faite : le Pin maritime est un carburant forestier de premier ordre.
La consommation de bois aux 100 kilomètres, qui est de 33 kilos pour le Chêne et le Hêtre, ressort à 38 kilos pour le Pin maritime des Landes.
Vœu concernant l'emploi du bois ou du charbon de bois de pin comme carburant :
« Que, pour donner l'exemple, les départements forestiers du Sud-Ouest, et en particulier le département des Landes, préconisent l'emploi de gazogènes à bois ou à charbon de bois de pin sur les camions appartenant à l'Administration, sur les autobus subventionnés et sur les automotrices circulant sur le réseau des « chemins de fer économiques ».
Vœu concernant l'emploi obligatoire de la résine dans les liants routiers.
« Que soit rendu obligatoire dans les départements du Sud-Ouest, producteurs de gemme, l'emploi de la résine dans les liants routiers à la proportion de 10 %, et que pour compenser l'augmentation de prix en résultant, l'État reporte les primes d'exportation de la résine en proportion de cet emploi au budget des départements et communes qui utiliseront ces produits. »
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1936
69 Copal
Bois de pin maritime 3.988 calories/kgr.
Charbon de pin maritime ....... 7.130 calories/kgr.
On sait que le pouvoir calorifique de l'essence de tourisme est, en chiffres ronds, de 8.400 calories au litre.
Le chêne, le charme, le hêtre, le frêne, l'orme et l'érable offrent le meilleur rendement : 2 000 kWh/m3.
Le pouvoir calorifique du châtaignier, de l'acacia et des fruitiers reste intéressant : 1 700 kWh/m3.
Aujourd'hui, la preuve est faite : le Pin maritime est un carburant forestier de premier ordre.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1935
83 Pierre BUFFAULT.
Nous aussi, en Gascogne, nous nous inquiétons des incendies qui ravagent trop souvent nos pignadas.
Nous aussi, nous voudrions mettre fin à ces sinistres. En supprimant le pin et le remplaçant par une autre espèce ? Utopie complète. Les sables de nos dunes et de nos landes ne peuvent pratiquement être boisés qu'en pin. Nulle autre essence n'y pourra réussir en grand. Le pin y est autochtone, y existe depuis des milliers d'années (1).
Il formait, dans la lande depuis des siècles et bien avant l'assainissement et le boisement de celle-ci consécutifs à la loi de 1857, des massifs et des boqueteaux que l'homme n'avait pas créés (2).
Vouloir extirper le pin pour éviter les incendies serait folie, comme qui voudrait démolir sa maison pour l'empêcher de brûler. Sans doute, dans la lande gasconne, il y a des chênes (pédonculé, tauzin) ; mais il n'y en a pas partout et l'on ne pourrait songer à en faire l'essence unique des boisements. Ce serait une entreprise matériellement irréalisable, sans compter le bouleversement économique qui résulterait de la disparition des produits résineux et d'une espèce de bois particulièrement propre à certains usages.
Déjà la création de rideaux de feuillus, formant pare-feu, autour de compartiments de pins, création recommandée et assurément fort utile, n'a pas encore reçu un commencement d'exécution en raison des difficultés pratiques nées du terrain ingrat et du coût trop onéreux d'une amélioration pourtant désirable.
A fortiori, est-il impossible de songer à remplacer les pineraies par des peuplements feuillus ou par des résineux moins combustibles. Le reproche fait à l'Administration « de n'avoir pas purement et simplement remplacé les forêts où se complaisent les incendies par d'autres moins favorables à leur développement » est basé sur une méconnaissance complète des réalités.
La disparition du pin maritime dans les forêts du Sud-Ouest de la France serait incontestablement un désastre pour toute cette région où il joue un rôle commercial, industriel, économique et social de premier ordre. Dans l'intérieur des pignadas, le plus sûr dispositif de préservation contre l'incendie est le débroussaillement, commandé aussi pour une bonne production résineuse.
La suppression de la couverture vivante arbustive, mauvaise en principe au point de vue cultural, est sans effet nuisible sur la végétation du pin maritime et est une mesure essentielle en Gascogne.
Au lieu de s'en prendre au pin et au pin seul, c'est donc plutôt son associée, la végétation arbustive, qu'il faudrait proscrire, si l'on pouvait raisonnablement envisager pareille opération.
Que, pour reprendre la pensée de M. l'inspecteur général Géneau, on cherche dans la constitution du peuplement, j'entends dans la constitution d'un peuplement d'essences mélangées, un élément de résistance à l'incendie, rien de mieux. Nous sommes tous d'accord sur les avantages incontestables et multiples des forêts mélangées.
Mais l'application de cet excellent principe peut rencontrer dans la pratique des difficultés. En rappelant — ce qui est exact — que « les enclaves de châtaigniers et de chênes méridionaux denses et en bon état ont fait barrière à l'incendie »... que « dans toute la Provence ... de tels réactifs témoins ne manquent pas », on affirme qu' « en se servant d'eux comme noyaux autour desquels le manteau végétal existant — si dégradé soit-il — serait mis en vacances, soustrait à l'homme et à ses excès, le jeu des cycles évolutifs éliminerait les essences régressives combustibles, la nature s'orientant par elle-même vers ses fins de reforestation propre. »
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1935
81 a C.-G. AUBERT.
CONCERNE LE MASSIF DES MAURES-ESTEREL, pour le pin maritime.
Les mesures prises en vue de réduire ces risques, pare-feux, puits, postes d'observation, etc. tendent, elles aussi, à se développer constamment ; les propriétaires particuliers ne sont pas les derniers à en adopter l'usage malgré les dépenses qu'il leur faut engager. De tous côtés, l'on travaille à fixer les voies et moyens susceptibles de réduire au minimum les conditions d'extension des incendies.
L'étude de quatre incendies de la forêt de Valbonne, celle de la résistance des châtaigneraies des Maures ont fait ressortir certaines techniques à réaliser, notamment le compartimentage des peuplements de pin, non seulement par des tranchées pare-feux, mais par des bandes de peuplements feuillus peu combustibles, bandes dont la largeur, l'orientation, l'emplacement topographique demeurent à déterminer, selon les conditions locales.
M. Joubert écrit, page 851, note 3 : « A ce sujet, on peut se demander si la doctrine actuelle sur les recours en dommages et intérêts justifiés par un incendie est bien correcte. Ces errements tendent à mettre à la charge du responsable reconnu la totalité du dommage. Il semble cependant que la responsabilité du propriétaire est en partie engagée si la conduite de sa forêt tend à établir et à maintenir des peuplements en état de sensibilité anormale à l'incendie. Ceci nous paraît être le cas général pour la plupart des pineraies, surtout lorsqu'elles sont fréquemment et fortement éclaircies. »
Tels seraient les inconvénients que présenterait pour les propriétaires cette sorte de discrédit jeté sur les peuplements de pin.
Une telle situation serait-elle justifiée au point de vue technique et cultural ?
Non. Régressivité, progressivité, idées neuves, claires, rendant bien compte de certains phénomènes de géographie forestière et dont il faut tirer tout le suc, car ces vérités d'aujourd'hui, inconnues hier, seront dépassées demain par le progrès scientifique si rapide à notre époque et rejetées après-demain au musée des antiquités.
Régressifs, les pins ? Assurément, dans bien des cas, mais nullement d'une manière absolue. Il n'y a pas si longtemps que d'excellents maîtres de la foresterie française les considéraient et les considèrent peut-être encore comme des pionniers. Rien ne ressemble plus à un escadron d'arrière-garde qu'un escadron d'avant-garde et la différence tient dans la direction de marche des troupes de l'arrière.
Les mesures prises en vue de réduire ces risques, pare-feux, puits, postes d'observation, etc. tendent, elles aussi, à se développer constamment ; les propriétaires particuliers ne sont pas les derniers à en adopter l'usage malgré les dépenses qu'il leur faut engager. De tous côtés, l'on travaille à fixer les voies et moyens susceptibles de réduire au minimum les conditions d'extension des incendies.
Dans l'ouest, l'aménagement de la forêt domaniale de Sillé, utilisant la division assise sur le terrain par le propriétaire antérieur en grandes parcelles régulières d'environ 60 ha, a prescrit d'arrêter les repeuplements en pin à dix mètres de la limite des parcelles (routes et laies sommières rectilignes) et de reboiser des bandes périmétrales en essences peu combustibles, telles que hêtres et érables, sapins et Douglas.
Dès 1919, en Écouves, un repeuplement de 40 ha en pin maritime avait été entouré d'une bande de 10 mètres semée en cyprés de Lawson dont le couvert fort épais semblait devoir offrir une grande résistance à la pénétration du feu.
Lorsque de tels procédés auront fait réellement leurs preuves, ils pourront être conseillés, puis, si besoin est et selon les régions, imposés par l'État aux propriétaires de pineraies qui s'y adapteront rapidement.
Mais on ne saurait frapper ces propriétaires d'une véritable sanction punitive sous forme d'une réduction légale de la réparation du dommage en cas de sinistre.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1934
81 L.-F. TESSIER.
Les ennemis de la forêt landaise, par Roger SARGOS :
Les autres ennemis sont : le feu, les insectes, les champignons, la routine et le fisc.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1930
120 J. LAGAIDE
L'aménagement intérieur de la forêt, par son morcellement au moyen de larges pare-feux soigneusement entretenus, et par le débroussaillement qui devrait être rendu obligatoire le long des routes et chemins d'intérêt général, des habitations forestières, des usines, des villages.
On a constaté bien des fois qu'un simple sentier en forêt, de 50 à 60 cm de largeur, suffit pour empêcher la propagation d'un incendie qui se fait presque toujours par le sous-bois ; de même, au lieu de ménager des pare-feux dans les forêts, on peut planter des feuillus là où l'on aurait laissé des bandes vides pour constituer ces pare-feux.
Il semble bien, d'après cela, que la forêt naturelle préconisée par quelques forestiers, et composée d'essences différentes, mélangées et sans ordre, feuillus alternant avec résineux, soit moins sujette à l'incendie
que les peuplements uniformes de certains résineux.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1928
79 Pierre BUFFAULT
Après M. Tascher, M. Devaux, professeur de biologie à la Faculté des Sciences, traita en son nom et au nom de son collaborateur, M. Bargues, du lieu de la sécrétion oléorésineuse du pin.
Au cours de leurs travaux, ces deux savants ont découvert en 1926 qu'au lieu d'être localisée, comme on l'avait cru jusqu'ici, dans les canaux ou méats résinifères, la sécrétion oléorésineuse est générale dans tous les tissus du pin. Cette sécrétion donne une substance neutre qui s'acidifie seulement en passant dans les méats et canaux résinifères où elle s'amasse et devient alors la gemme. Cette substance neutre ou matière mère s'acidifierait sans doute, d'après M. Dupont, sous l'effet d'une réduction diastasique.
Parallèlement, la distillation des bois et des souches de pin en vase clos fournira des gaz utilisables, actuellement perdus, du charbon utilisable comme combustible et comme carburant sur les moteurs à « gaz des forêts », des goudrons et des pyroligneux à multiples emplois.
L'extraction de la résine des souches et bois abattus, si développée en Amérique et en Scandinavie, devrait être pratiquée dans le Sud-Ouest.
Tout d'abord, M. Bargues fit une intéressante communication sur l'anatomie et la physiologie de la feuille de pin maritime, dont il a relevé sept formes différentes résultant de mutilations ou de l'action du vent marin, dans les tissus de laquelle il a découvert de l oxalate de chaux et une élaboration générale d'oléorésines.
La souche, même en pourrissant à la périphérie, s'enrichit en résine jusqu'à une proportion de 30 et 40 % au bout de 7 ou 8 ans.
Un autre type de transformation est celui de souches de la région de Castets, qui ont l'aspect de bois pourri et renferment 83 % de résine. Dans ces souches, la lignine a presque disparu, la cellulose totalement. Cette transformation paraît être causée par un champignon qui ferait sécréter par la cellule une diastase réductrice. Elle ressemble au processus de formation de la houille. Il serait avantageux de pouvoir propager le champignon auteur de cette « résinose ».
Le premier (M. Tascher) signala combien il reste encore à faire pour protéger du feu la forêt landaise. La loi du 26 mars 1924 est encore à peu près lettre morte surtout dans le département des Landes. Bien peu des Associations syndicales dont elle a prescrit la constitution se sont formées et ce, malgré les subventions et le concours de l'Administration forestière. L'esprit particulariste des propriétaires landais en est la cause.
On ne sera cependant maître des incendies que lorsque chaque commune forestière aura son Association syndicale et que ces Associations seront réunies en Fédération.
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1926
77 P. Buffault
L'arrachage des souches ou plutôt l'arrachage des pins avec leurs souches — car l'essouchage après abattage des arbres n'est pas à pratiquer normalement (1) — dans les coupes rases doit trouver un encouragement déterminant dans le parti avantageux que l'on peut tirer de la souche par la distillation et la récupération du goudron. (1)
Les souches vieilles de cinq à huit ans sont plus riches en résine que les souches fraîches, mais on ne pourrait les extraire sans dévaster les repeuplements.
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1926
76 Pierre BUFFAULT.
Les forêts de pin du Sud-Ouest sont exposées à un fléau qui y a causé à plusieurs reprises de grands désastres et qui sévit plus ou moins chaque année : l'incendie. Les pignadas sont exposés aux ravages du feu au début du printemps et pendant la période des grosses chaleurs d'été.
L'Etat a cherché à s'en préserver dans ses forêts des dunes, depuis longtemps, par l'ouverture et l'entretien à sable blanc de tranchées garde-feu, découpant les massifs en nombreux rectangles ou polygones, et par l'organisation d'une surveillance supplémentaire fonctionnant, pendant les époques dangereuses, du haut de dunes élevées, ou d'observatoires spéciaux érigés à cet effet.
En outre, il a relié les maisons de gardes entre elles et avec les villages voisins par le téléphone et il fait procéder périodiquement au débroussaillement des peuplements.
Mais ces groupements ne sont encore qu'en très petit nombre. La loi récente du 26 mars 1924 va permettre d'imposer, au besoin, la création de ces associations et l'exécution des travaux préventifs nécessaires dans les régions classées comme dangereuses.
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1913
106a Comité des forêts
Remède préventif contre les incendies en forêt.
communication de M. Cannon, le forestier solognot si connu, relative au rôle très particulier que peut jouer, pour prévenir ou arrêter les incendies en forêt, la présence dans le sous bois d'une herbe modeste « le Millepertuis à grande fleur ».
Cette plante, dit l'auteur, est d'une rusticité à toute épreuve, elle végète dans les terrains les plus secs, siliceux ou calcaires, au soleil comme à l'ombre ; elle pousse en massifs très épais, de 40 à 50 centimètres de hauteur au plus, de sorte qu'elle se présente toujours garnie de feuillages depuis la base, sans jamais présenter au feu des tiges dénudées. Jusqu'à présent elle a résisté aux gelées. M. Cannon a eu l'occasion d'éprouver sa résistance à l'incendie dans un massif boisé auquel il avait appliqué un feu très vif. Le feu n'a pu que roussir quelques feuilles des pieds qui se présentaient les premiers à ses atteintes, laissant encore vertes les petites tiges qui les portaient, sauf à l'extrémité.
M. Cannon est convaincu qu'une bande de cette plante, d'une largeur suffisante, pourrait arrêter l'incendie en forêt. Il n'en coûte rien d'essayer, d'autant que la plante se répand avec une grande vigueur, par le développement de ses nombreux rhizomes, et si le millepertuis qui vient à l'ombre consent à pousser sous les résineux, dans les sables comme dans les argiles, nous espérons que nos amis du Midi, de l'Esterel à la Gironde et aux Landes, se hâteront de multiplier l'herbe précieuse et d'essayer son degré de résistance aux incendies.
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1909
115 a A. Fourcade
Dans le département des Landes, la petite propriété existe à côté de la moyenne et de la grande propriété. La petite propriété comprend les pignadas, terres et prairies qui ne dépassent pas 100 hectares. La moyenne propriété va de 100 à 300 hectares, et la grande commence à ce chiffre. Certains propriétaires ont même jusqu'à 10.000 hectares.
Les grandes forêts de pins donnent, il est vrai, une importance considérable à la grande propriété ; mais la division par un même propriétaire de ses biens en métairies fait prédominer dans les Landes la petite et la moyenne propriété.
En ce qui concerne les dangers d'incendie causés par les bourres enflammées que projettent les chasseurs dans les bois de pins, nous avons déjà vu que divers arrêtés préfectoraux et municipaux ont été rendus pour réglementer la police de la chasse et même pour interdire l'usage des fusils à piston dans l'intérieur des forêts de pins des Landes.
Une ressource reste, il est vrai, entre les mains des propriétaires landais : l'assurance contre l'incendie. Mais, depuis quelques années, la fréquence des sinistres dans les forêts de pins a amené les compagnies d'assurances tout d'abord à élever considérablement les primes et à les porter jusqu'au tiers de la valeur de la forêt et ensuite à refuser même tout contrat en pareille matière. La difficulté pour les compagnies d'assurances de surveiller les assurés, l'impossibilité de découvrir les coupables en cas de crime ou de délit et la fréquence de ces sinistres considérables ont faussé et rendu impossible le fonctionnement de l'assurance.
Les propriétaires n'ont pas su s'entendre entre eux pour constituer ensemble une société d'assurance mutuelle. Plusieurs tentatives ont été faites dans ce but, mais aucune n'a abouti. Et même, en 1906, à la suite des menaces proférées au moment de la grève des résiniers, plusieurs propriétaires, effrayés des dangers d'incendie que faisaient courir à leurs forêts de pins les menaces des grévistes, n'hésitèrent pas, dans un moment de panique, à faire abattre leurs arbres et à les vendre.
Mais, en retour de tous ces avantages, le pin présente un seul, mais très grand défaut : essence des plus inflammables, il est continuellement exposé au danger des incendies. Les incendies des forêts de pins dans les Landes sont tristement célèbres ; on peut citer parmi les plus fameux ceux qui ont éclaté dans les années 1700, 1803, 1822, 1870, 1898 et 1906.
L'incendie est le fléau des forêts de pins maritimes. Cet arbre est beaucoup plus exposé aux dangers du feu que les autres bois et, en quelques heures, le sinistre détruit des centaines d'hectares, dévorant ainsi l'espoir de bien des années. La forêt de pins possède, en effet, des éléments excessivement combustibles et des plus facilement inflammables.
Avec leurs peuplements de bois résineux, avec leurs sous-étages de jeunes pins, de brandes, de genêts et d'ajoncs, avec leur sol recouvert d'aiguilles sèches et jonché de pommes de pins, qui sont autant d'agents merveilleux de propagation, les forêts de pins constituent d'excellents foyers de combustion (1). Il suffit d'une allumette mal éteinte ou d'un bout de cigarette enflammée jeté sur un sol déjà desséché par les chaleurs de l'été et le feu se communique brusquement aux bruyères qui embrasent le pied des arbres, lesquels flambent comme des torches. Le vent entraîne ensuite les flammèches qui propagent l'incendie d'arbre en arbre avec une rapidité effrayante.
La vengeance peut aussi provenir du fait de quelques résiniers ou de quelques ouvriers congédiés ou en conflit quelconque avec le propriétaire. Lors des grèves de 1906, les résiniers menacèrent plusieurs fois d'incendier les forêts. Une enquête faite par l'Administration des Forêts, en 1873, a établi que les incendies étaient beaucoup plus fréquents dans les forêts appartenant aux propriétaires étrangers aux communes du pays que dans celles qui appartiennent aux propriétaires indigènes.
Ce sont les métayers qui, en vertu de leur contrat de métayage, sont tenus de fournir une certaine quantité de journées de travail pour procéder aux opérations du soutrage. Enfin, un des petits profits du métayer résulte pour lui de la vente des pommes de pin et du menu bois provenant du soutrage. A cet effet, les maires ont un pouvoir presque discrétionnaire pour réquisitionner des travailleurs et des outils et faire allumer des contre-feu. Sont passibles des peines édictées par l'article 475 du Code pénal, c'est-à-dire une amende de 6 à 10 francs inclusivement, ceux qui refusent leur concours (1).
On tente alors le procédé du battage ; en avant de la direction des flammes, on abat une certaine étendue d'arbres et les hommes balaient le sol avec des balais consistant en perches feuillues et remuent la terre avec des outils à ce destinés : râteaux, daillots, volants, destinés à être utilisés en cas d'incendie pour l'ouverture des tranchées, la coupe des broussailles et le nettoiement du sol.
On peut encore constituer des pare-feu de bois feuillus que l'on boise d'acacias ou de chênes tauzins aménagés en futaies et qui constituent des massifs d'essence différente alternant avec les massifs de pins maritimes (1). L'avantage de ces pare-feu de chênes tauzins consiste à offrir aux propriétaires des massifs d'un rapport assez élevé, ce qui permet d'éviter le préjudice résultant de la déperdition du terrain dans l'emploi des pare-feu ordinaires.
Ce qu'il faudrait, ce serait augmenter la largeur de ces espaces libres en la portant entre vingt et cinquante mètres ; il est vrai qu'une telle largeur constituerait peut-être pour les petits propriétaires de bois de pins une bien lourde charge, mais il faudrait au moins imposer dans les Landes, au moyen d'un texte de loi, l'établissement de pare-feu dans toutes les propriétés plantées de pins, avec une largeur minima de quinze ou vingt mètres par exemple ; car, jusqu'à présent, ce n'est qu'une minorité de propriétaires qui ont songé à pratiquer des pare-feu sur leurs terres.
L'article 9 de la loi du 10 août 1893 sur les mesures à prendre contre les incendies dans la région des Maures et de l'Estérel s'exprime en ces termes :
« Tout propriétaire d'un terrain en nature de bois, forêt ou lande, peuplé de morts-bois, qui ne sera pas entièrement débroussaillé pourra être contraint par le propriétaire d'un terrain limitrophe de même nature à l'ouverture et à l'entretien pour sa part, sur la limite des deux fonds contigus, d'une tranchée débarrassée de toutes broussailles, de tous bois d'essence résineuse et maintenue en parfait état de débroussaillement.
La largeur de cette tranchée, établie par moitié sur chacun des fonds limitrophes, pourra varier de vingt à cinquante mètres. Dans ces limites, elle sera fixée d'accord entre les propriétaires intéressés et, en cas de désaccord, par le préfet, le conservateur des forêts entendu. »
Ajoutons pour être complet qu'il est à peu près impossible de déterminer le chiffre des pertes causées par les incendies. Cependant, le bois de pin n'a pas perdu ses qualités s'il est utilisé immédiatement après l'incendie. Aussi voit-on s'installer aussitôt après le désastre des scieries dans les lieux dévastés. En 1900, les poteaux de mine confectionnés avec des bois provenant de forêts incendiées ont été payés 2 francs seulement de moins par tonne que les poteaux de mine ordinaires.
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1905
73 J. SALVADOR.
Massif domanial de l'Estérel
Le jardinage, parfaitement conciliable avec le maintien du chêne-liège en mélange au pin maritime, supprime dans la mesure du possible ces inconvénients, à condition de l'appliquer non par pieds isolés, mais par bouquets.
Il donne des taches de jeunes bois où le feu ne peut prendre une grande intensité, ce qui permet de l'éteindre dans les peuplements voisins d'autant plus facilement que l'incendie, ne dévorant plus des versants entiers en quelques minutes, laisse aux secours le temps d'arriver avant que le périmètre en flammes soit hors de proportion avec les ressources disponibles.
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1903
111 V. Lugat
L'armée des frappeurs.
Vers 1870, avec les incendies : les années étaient tellement sèches que toutes les racines brûlèrent. ll y a cinquante ans environ, instinctivement, nos pères éveillés par le progrès, décidèrent d'agrandir leurs pignadas
existant depuis des siècles sans doute et garnir notre sol vierge de ses arbres favoris par de nouvelles plantations de pin.
A l'époque, leur décision avait sa raison d'être. II y a quarante ans, favorisés par les événements, nos vieux pins, les uns cinquantenaires les autres septuagénaires, d'autres centenaires donnèrent les revenus que nul n'attendait.
Notre région de pignadas alors emboîtait le pas à ses riveraines. Par nos jeunes plantations de pins, elle allait bientôt marcher en parallèle, quand tout à coup quelque chose vint lui dire : Halte-là !
Soudain, la médaille eut son revers. Un terrible fléau vint s'abattre parmi nos vieilles et jeunes plantations ; des incendies se sont succédé depuis cette époque et ont ravagé le quart de nos pignadas. La température par elle-même très élevée et augmentée par l'intensité du feu, produit en ce moment un tel effet aux arbres pins et à la résine coulée, qu'il s'en dégage un certain gaz rendant l'air suffoquant et inflammable.
C'est un véritable phénomène ; les flammes dépassent les pins de plusieurs mètres. Le spectacle est épouvantable. Du temps où il n'y avait que de la lande, il n'y avait pas d’incendie. Imprudents et malfaiteurs n'avaient pas de prise.
Mais sitôt qu'il y eût des pins de dix ans seulement, ils commencèrent à accomplir leurs actes. Il ne faut pas être bien fort pour trouver cela. Mais il ne faut pas l'être davantage pour reconnaître que nous ne faisons rien de plus actuellement qu'il y a cinquante ans. Donc le fléau qui s'est abattu sur notre région boisée, c'est du nouveau.
Qu'avons-nous créé de nouveau pour l’empêcher de dévorer nos pins ?
Bien peu de chose. II y a évidemment quelque chose à faire. Nous qui fournissons à l'armée française de si disciplinés et de si dévoués serviteurs, nous devrions en faire de même pour la défense de nos pignadas.
Si nous voulons à l'avenir protéger nos pins du terrible fléau, il nous faut créer non pas une armée de discipline, du moins une armée d'entente. L'armée d'entente c'est nous, habitants des landes, qu'en appartient la création.
Notre région riche en productions résineuses exige une administration et une surveillance spéciales aux autres régions françaises.
Je suppose qu'un incendie se déclare chez un certain propriétaire, l'Armée des Frappeurs se transporte sur les lieux. Se voyant impuissants à maîtriser le feu, les Frappeurs se mettent aussitôt à l’œuvre d'un pare-feu. Tout à coup le propriétaire s'avance et s'oppose formellement à cette exécution. C'est un incident regrettable. Nous avons été témoins des discussions de ce genre. En admettant que la Commission des Incendies ait raison, comment voulez-vous qu'elle puisse accomplir sa décision.
Cependant, s'il elle n'exécute pas de pare-feu, l'incendie avec sa mauvaise allure et sa rapidité, rentrera dans les fourrés où l’accès de n'importe quel frappeur sera impossible. Le fléau souverain franchira tous les obstacles. Il s'ensuivra que là, avec le pare-feu, il brûlera cinq ou six hectares, cinquante hectares seront la proie des flammes sans pare-feu.
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1903
106 P. BUFFAULT
Enfin, pour défendre les massifs de pins contre le feu, on recommande depuis longtemps de les recouper de bandes boisées en essences feuillues, bien moins inflammables, une allée peu large formant l'axe de ces bandes. C'est le système de garde-feu des pineraies de Prusse.
Enfin, la question des incendies — question vitale en Gascogne — revient encore sur le tapis à propos de ces cultures agricoles dans les sables. On sait que l'obligation pour les propriétaires de la lande et de la dune d'établir et d'entretenir dès tranchées pare-feu à travers leurs bois a empêché d'aboutir le salutaire projet de loi du Gouvernement sur la défense contre les incendies dans les landes gasconnes.
Eh bien, ne croira-t-on pas que cette opposition ne se fut pas soulevée si les propriétaires avaient su pouvoir tirer avantageusement parti, par des cultures s'accommodant des sables — et qui n'eussent pas nui au rôle des garde-feu —, des tranchées dont la loi leur imposait l'ouverture dans leurs pignadas.
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1901
46 P. Buffaut
Actuellement, en dehors des dunes domaniales, où tout est organisé afin de prévenir les incendies et de les combattre dès qu'ils se déclarent, il n'existe, pour les pignadas de Gascogne, d'autres mesures préventives qu'une réglementation préfectorale, trop souvent platonique et inobservée, des écobuages de landes et des mises à feu de charbonnières.
D'organisation défensive contre l'incendie, il n'y a rien.
Les garde-feu n'existent que dans les dunes domaniales et dans quelques dunes particulières, aliénées en 1861-1864, où l'Etat avait établi ces tranchées avant l'aliénation.
Revenons en Gascogne.
Dans les pignadas domaniales, les pare-feu sont de grandes allées espacées de 1000 m généralement et larges de 10 m, quelquefois de 15 ou même de 20, ce qui est assurément superflu. Ils sont d'une grande propreté soigneusement entretenue par un nettoiement repassant généralement tous les trois ans sur le même point.
La superficie qu'ils occupent au total est de 997 hectares.
La création de pareilles tranchées dans la lande, ainsi que le long des voies ferrées, est l'amélioration primordiale que la loi projetée imposerait.
Notons, en passant, pour son originalité, le procédé proposé dans ce but par un agriculteur-sylviculteur du Sud-Ouest. L'inventeur déclare «l'emprunter à la géométrie et à la climatologie ».
Il voudrait des garde-feu concentriques, entourant une première pignada circulaire et découpant le surplus du massif boisé en anneaux concentriques ; seulement il faut éviter « à tout prix » la ligne droite et par conséquent ne pas trop allonger le rayon. Le vent soufflant en direction rectiligne ne ferait pas le tour des cercles concentriques et le feu s'éteindrait faute d'aliments ou donnerait du temps pour le combattre.
N'arrive-t-on pas au même résultat avec des pare-feu se recoupant à angles plus ou moins voisins de 90° ?
En Gascogne le feu devient très vite intense.
Il y a presque toujours des broussailles (ajoncs, grandes bruyères) ou des quarres de résine. Avec les sous-bois, la flamme monte vite très haut, elle file, de même, le long des quarres et dans les deux cas, elle atteint infailliblement la cime des pins, dont le feuillage et les ramules, quoique verts, brûlent très vivement.
Les cônes éclatent comme des obus et leurs fragments en ignition, ainsi que mille étincelles et parcelles de charbon incandescentes, volent de côtés et d'autres ; le vent peut les porter extraordinairement loin.
Le feu se propage ainsi par le haut comme par le bas ; si peu qu'il y ait des mouvements de l'air, sa marche s'accélère prodigieusement et devient presque irrésistible. On conçoit dès lors que, comme cela a été maintes fois écrit et souvent prouvé par les faits, le but des garde-feu soit bien moins d'arrêter l'incendie, par le manque d'aliments des largeurs de 100 m.
Mais le fonctionnement des pare-feu ne serait nullement gêné, au contraire, si l'on y avait des plantations d'arbres feuillus espacés, ou si l'on y cultivait des plantes agricoles qu'il faut tenir sarclées et nettes de mauvaises herbes et qui ont généralement en été leurs feuilles et leurs tiges vertes et incombustibles. Il suffirait de garder sans végétation sur la tranchée de 10 m : au centre, une allée de 2 m de large, sur chaque bord une allée de 1 m, pour qu'on puisse l'utiliser pleinement en cas d'incendie. Il resterait deux bandes larges de 3 m, consacrées à la culture ou aux plantations de feuillus. Ceux-ci pourraient, d'ailleurs, surtout dans les dunes de l'Etat, n'être plantés que sur 2 lignes formant allée, chaque ligne étant à 2 m du bord de la tranchée et à 6 m l'une de l'autre.
La plantation d'arbres feuillus appropriés sur les garde-feu des dunes aurait un triple avantage : élever sur un terrain actuellement improductif des arbres susceptibles de rapport par leur bois ou par des produits secondaires ; commencer le mélange d'essences désirable même dans les forêts des dunes où les pignadas pures ne sont que des forêts de transition ; agrémenter ces forêts et rompre leur monotonie, effet moral d'une portée plus large qu'on ne croirait.
Cette plantation réussirait à peu près partout.
L'idée d'utiliser les garde-feu n'est pas très neuve.
Voici longtemps que M. Broilliard, dans ses ouvrages vraiment classiques, a préconisé de recouper les pignadas par des allées de 60 m bordées de zones plantées de chênes pédonculés, de façon que cette essence occupe le dixième du terrain boisé, allées et zones à l'entretien desquelles suffirait le personnel des gardes et ouvriers de la forêt.
Il conseille, pour plus tard, de « séparer les cantons de forêts les uns des autres par des cultures agricoles entrecoupées de grands chênes », car « le chêne pédonculé est l'arbre des Landes aussi bien que le pin maritime ».
Le distingué professeur d'agriculture de la Gironde, M. F. Vassilière, dans sa brochure « Les dunes girondines, étude agricole» (1889), formule entre autres conclusions celle-ci :
« Introduction de la culture de la pomme de terre et du topinambour dans le garde-feu élargis. »
Que pourrait-on faire dans la lande ?
Appliquer le système combiné de cultures et de plantations de chêne de M. Broilliard : dans ces plantations ajouter le chêne-liège (q. occidenlalis) qui donne tant de produits rémunérateurs dans les Landes et le Lot-et Garonne.
Pour les cultures agricoles, adopter les plantes de sols sablonneux citées plus haut qui devraient recevoir beaucoup d'extension, et la vigne qui réussirait en maint endroit. Au reste se guider sur les circonstances locales.
Reste donc, surtout pour les dunes domaniales : en grand, les plantations de feuillus dans l'intérêt du propriétaire, en petit et accessoirement, certaines cultures agricoles dans l'intérêt des préposés.
La plantation de feuillus sur 2 lignes formant allée a été effectuée sur certains points, dès les premiers temps de la fixation des dunes par le service des Ponts et Chaussées.
Deux garde-feu de la forêt de Soulac sont ainsi très agréablement ornés d'une double rangée de chênes pédonculés, robiniers, ailantes, frênes, érables. Plusieurs de ces arbres, âgés de 5o à 80 ans, ont déjà été exploités et vendus en 1896.
Ce précédent et surtout les essais d'introduction de végétaux étrangers aux dunes, poursuivis à Grandmont (forêt domaniale d'Hourtin), indiquent ou indiqueront les essences à adopter : celles qui, s'accommodant des sables, y peuvent être avantageuses.
L'ailante, le robinier, les chênes pédonculé, yeuse et occidental, le mûrier, l'érable négondo croissent sur les sables.
Le premier de ces arbres y vient très vigoureusement, mais il est très envahissant par drageons et cette propriété, qui est un avantage sur les terrains nus à reboiser, serait un inconvénient sur les pare-feu; en outre, son bois n'aurait guère d'autre emploi que la confection d'échalas, très durables, paraît-il.
Le négondo serait à propager, si son bois était bon.
Les chênes pédonculé et occidental et le robinier sont à répandre le plus possible, ils sont seulement parfois de prise difficile.
Le mûrier (blanc et noir) prospère facilement et c'est une espèce à répandre largement ; l'Amélie (Soulac) ; la vigne, mais sur certains points et avec certains cépages seulement.
La plantation d'arbres feuillus appropriés sur les garde-feu des dunes aurait un triple avantage : élever sur un terrain actuellement improductif des arbres susceptibles de rapport par leur bois ou par des produits secondaires ; commencer le mélange d'essences désirable même dans les forêts des dunes où les pignadas pures ne sont que des forêts de transition ; agrémenter ces forêts et rompre leur monotonie, effet moral d'une portée plus large qu'on ne croirait.
Cette plantation réussirait à peu près partout ; seuls quelques versants de dunes particulièrement arides pourront se montrer rebelles.
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1900
45 P. Buffaut
C'est sur 10, 20 ou 30 mille hectares que s'étendent en certaines années les ravages du feu, causant des dommages qui se montent à 5, 10, 15 millions de francs, et cela se répète.
Les causes de l'incendie sont clairement étudiées par M. Délassasseigne, qui passe ensuite en revue les incendies dans les forêts de l'Etat, les moyens employés pour les combattre et les mesures de protection prises ou à prendre par l'Administration.
Mais la masse des bois des particuliers reste à peu près sans défense.
Le département des Landes est rebelle à toutes les propositions faites à cet égard, et cependant il s'y trouve une commune modèle : la commune d'Onesse-et-Laharie, possède une organisation remarquable.
A la suite d'incendies terribles et d'une fréquence inquiétante, les propriétaires ont formé en 1892 un syndicat qui a établi des garde-feux sur les limites de chaque propriété, en ligne droite autant que possible, en utilisant les chemins et sentiers. Ces propriétaires ont payé au début 0,10 fr. par hectare et, avec cette faible somme sont arrivés à pouvoir entretenir les pare-feux.
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1900
115
Cause des incendies.
Les causes de ceux-ci peuvent être classées de la manière suivante :
1° Imprudence des chasseurs, des fumeurs et des ouvriers employés aux exploitations agricoles et forestières ;
2° Écobuages à feu courant dans les landes ;
3° Malveillance ;
4° Mise à feu des charbonnières dans de mauvaises conditions et répandage trop hâtif du charbon chaud.
Enfin, en 1889, un arrêté préfectoral de la Gironde a prononcé la prohibition de fumer dans les forêts de pin. L'Administration des Eaux et Forêts a pris, dans les forêts domaniales, les mesures de préservation suivantes :
Ouverture, dans l'intérieur des massifs et sur leur périmètre, de grandes tranchées (garde-feu ou pare-feu), ayant presque toutes 10 mètres de largeur, situées en général à 1 kilomètre de distance, complètement débarrassées d'arbres et parfaitement nettoyées.
Vœux des populations — Tentatives faites par l'Administration des Eaux et Forêts
Ainsi que nous l'avons dit en commençant, les doléances les plus vives se sont élevées à diverses époques vers le Gouvernement, en vue de voir mettre un terme à un état de choses aussi désastreux. Nous nommerons en premier lieu le Conseil général de la Gironde qui, depuis environ 40 ans, réclame avec énergie des mesures exceptionnelles.
Par délibération du 6 mai 1892, prise à l'unanimité et rappelant des délibérations antérieures, puis par celles du 6 septembre 1892 et du 17 avril 1893, la haute assemblée a demandé qu'une loi analogue à celle qui régit les forêts des Maures et de l'Estérel fut appliquée aux forêts landaises. L'Administration des Forêts, de son côté, a fait tous ses efforts pour essayer d'arriver à une solution.
En 1873, le Directeur général venait faire sur les lieux une enquête qui durait la jours et prenait l'initiative d'un projet de loi, qui ne put malheureusement aboutir par suite de l'opposition rencontrée dans le département des Landes.
En 1894, à la suite du mouvement d'opinion créé par le projet de M. Monis, et, après que les sénateurs et députés intéressés eurent émis l'avis, aune grande majorité, qu'il était nécessaire de faire une loi spéciale, un projet de loi fut établi, sous la haute direction du Ministre de l'agriculture, par les soins de l'Administration des Forêts.
Ce projet, conçu d'une manière générale comme la loi du 19 août 1893 (pour les Maures et l'Estérel), et ayant beaucoup de ses dispositions tirées du projet de 1873, n'eut pas de suite, par suite des critiques ardentes qui surgirent encore du département des Landes. prononce l'obligation de débroussailler, sur une largeur de 4 mètres au moins de chaque côté, un certain nombre de chemins vicinaux ou ruraux, de limites de communes, de cours d'eau; rend obligatoire l'ouverture de garde-feu de 10 mètres de largeur à entretenir bien nettoyés.
M. CARRIÈRE. Il y aurait peut-être lieu de spécifier qu'il s'agit surtout des forêts d'essences résineuses.
M. CARRIÈRE. Cela implique aux nations des obligations bien trop étendues. Les calamités sur lesquelles on appelle l'attention des différents États se localisent en réalité aux forêts d'essences résineuses.
Il s'agit de savoir si l'on imposera aux Gouvernements des charges aussi considérables.
En 1870, dans le département de Lot-et-Garonne, 2,261 hectares furent brûlés. Cette même année, dans le département de la Gironde, 10,000 hectares de bois.
De 1869 à 1872, dans le département des Landes, 24,000 hectares furent la proie des flammes.
En 1893, dans le département de la Gironde, du 1er mars au 1er septembre, 132 incendies ont eu lieu, brûlant 35,589 hectares.
En 1898, dans ce même département, du 15 juillet au 17 octobre, il s'est produit 100 incendies qui ont parcouru 13,034 hectares. En 1899, dans le département de la Gironde, les incendies se sont étendus sur 12,135 hectares.
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1900
44 E.MUEL
On sait avec quelle facilité le feu prend dans les pineraies de la région des landes de Gascogne, et avec quelle rapidité il se propage et parcourt de vastes superficies.
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1898
56 GOURSAUD
Le cône sert dans le pays à allumer le feu, surtout si on l'achète sec.
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1898
43 J. DEMORLAINE
Car pour lui dérober ses larmes de résine,
L'homme, avare bourreau de la création
Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine,
Dans son tronc vigoureux ouvre un large sillon.
(TH. Gautier).
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1896
40 M. Béral.
On lutte contre ce danger, on le circonscrit, par un débroussaillement systématique et l'entretien à sable blanc d'un réseau de bandes de terrain aussi larges que possible et s'entrecroisant, appelées garde-feu.
Ces pare-feu existent actuellement surtout dans les forêts domaniales.
Là, ils ont généralement une largeur de dix mètres et forment à l'intérieur un réseau à mailles sensiblement rectangulaires enserrant des surfaces d'environ cent hectares.
Pour remédier à cet inconvénient, le meilleur moyen ne serait-il pas d'effectuer, sur toute l'étendue des garde-feu non utilisables pour voie de transport, des cultures sur lesquelles le feu aurait peu de prise : de la vigne à pieds très espacés, des plantes sarclées, des arbres fruitiers ?
Au point de vue forestier on pourrait établir des plantations de feuillus, tels que le chêne pédoncule ou le chêne-liège.
Ces plantations de chênes peuvent donner de forts beaux produits, font un bon obstacle à la propagation du feu et réussissent bien dans les sables des landes, lorsque la dent des bestiaux ne vient pas dans le jeune âge les mutiler et les détruire.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1894
38 Raymond Brunet,
Les incendies sont surtout fréquents au printemps et se développent très rapidement dans les forêts de pins maritimes à cause de la présence de la résine. Les dégâts qu'ils produisent sont très grands et d'autant plus importants que les compagnies d'assurances refusent généralement d'assurer les forêts de pins depuis l'année 1870, pendant laquelle des surfaces considérables ont été brûlées.
A la suite de ces désastres les compagnies ont résilié toutes leurs polices, grâce à une cause résolutoire qu'elles contenaient; aussi les régions sujettes aux incendies ont-elles subi une grande dépréciation.
On pourrait y acheter pour une centaine de francs une forêt qui vaudrait ailleurs 2.000 francs.
Le colportage des allumettes par les fumeurs et celui des bourres combustibles par les chasseurs constituent la seconde cause d'incendie.
On pourrait diminuer ses effets en n'autorisant que le colportage des allumettes amorphes et celui des bourres non combustibles.
Il faudrait aussi veiller sur les charbonnières et les goudronnières, car leur présence dans les forêts de pins est un danger permanent.
Pour préserver dans une certaine mesure les forêts de pins maritimes contre les incendies, on a songé à constituer des pare-feu peuplés de bois feuillus ; ils sont boisés avec l'acacia ou le chêne tauzin, mais il est préférable d'employer le chêne pédonculé et de l'aménager en futaie.
On crée ainsi des massifs de chêne qui ont à peu près la même superficie que les massifs de pins.
Ces futaies de chêne sont susceptibles d'un rapport assez élevé dans les landes ; les taillis de chêne que M. Chambrelent a créés dans son domaine de Saint-Alban rapportent annuellement 50 francs par hectare.
Les pare-feu de bois feuillus préservent entièrement les forêts de pin maritime contre les incendies, surtout quand on a soin d'y enlever les bruyères ainsi que les fougères et d'y exploiter le sous-bois.
En résumé, le système des pare-feu feuillus présente de grands avantages et rendrait des services considérables, s'il était employé d'une façon générale.
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1893
125 - E . Muel
En 1893 le Conseil Départemental des Landes refuse d'accepter la partie essentiel du projet ministériel : l'établissement obligatoire d'un réseau de pare feu. D’autres pensent avec raison, suivant nous, que les premiers intéressés, c’est-à-dire les propriétaires de landes et de bois, doivent faire au moins en partie les sacrifices nécessaires pour se prémunir de la
ruine qui les menace tôt ou tard. On peut dire sans exagération que tout massif de pin maritime, même d’une vaste étendue, est presque fatalement condamné à succomber aux atteintes de l’incendie qui s’y est déclaré, s’il n’est pas entrecoupé de pare-feu, de distance en distance. Il faut donc appliquer le remède, ou si on le préfère, le seul palliatif connu, c'est-à-dire la création générale de pare feu, et vaincre l'insouciance ou l’égoïsme de ceux qui sont pourtant les premiers intéressés dans cette affaire, en imposant enfin et en coordonnant les mesures de protection à prendre, ainsi qu'on a bien su le faire dans la région des Maures et de l’Estérel.
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1893
51 R. Brunet
Pour préserver dans une certaine mesure les forêts de pins maritimes contre les incendies, on divise les peuplements au moyen d'allées dites garde-feu qu'on établit tous les cent mètres.
On constitue ainsi des carrés d'un hectare de superficie. Ces allées ont généralement dix mètres de largeur et doivent être nettoyées de toutes les bruyères qui pourraient les couvrir. Si on établissait des pare-feu sans y couper les bruyères, l'incendie se propagerait, grâce à ces plantes.
Les routes, les chemins et les cours d'eau peuvent être utilisés comme pare-feu. D'ailleurs il arrive souvent que les garde-feu de dix mètres de largeur sont inefficaces, car l'incendie, attisé par un vent violent, projette des flammèches qui créent des foyers à de grandes distances. C'est pourquoi on a songé à constituer des pare-feu peuplés de bois feuillus et de dimensions beaucoup plus considérables.
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1892
128 - A la place de la foret de pins, dit M. Loustalot, député des Landes, qui s'étend aujourd'hui de l'embouchure de la Gironde à celle de l'Adour, se trouvait autrefois, au XVII° siècle, une contrée en partie boisée, dont l'essence dominante était le chêne, et en partie couverte de vignobles (communes de Mimizan, Lévignacq, Messanges, Cap-Breton). Aujourd'hui la culture du pin a remplacé celle des chênes et des vignes.
Les incendies dans nos forêts des Landes, véritable fléau qui vient annuellement compromettre, non seulement la fortune publique, mais encore la sécurité des habitants.
Chacun de nous a encore présent ce spectacle horrible d'hier, dix infortunés, victimes du fléau qui venait de détruire 1.500 hectares de bois dans les communes de Saint-Jean d'lllac et du Temple, brûlés vifs, en cherchant à arrêter l'incendie en l'absence de tout garde-feu.
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1890
104 DULIGNON-DESGRANGES.
Tous les géologues savent comment se forme, lentement l'alios et quel long temps il lui faut pour acquérir une certaine épaisseur. Or, il n'est pas rare de trouver sur les bords de nos étangs de tout le littoral des fragments roulés d'une certaine grosseur d'un alios noirâtre à grain très fin et huileux au toucher ; si on essaie d'approcher d'une lumière un fragment de cette pierre, on est tout surpris de le voir au bout d'un instant, laisser échapper une fumée épaisse et répandre en même temps une forte odeur de bitume. D'où peut provenir cette odeur caractéristique, si ce n'est d'une formation aliotique qui n'a pu se produire que dans un terrain marécageux imprégné de résine, qui s'est trouvée intimement mêlée à la pellicule irisée formant la première couche du bloc d'alios dont nous retrouvons aujourd'hui les débris épars sur les bords de tous nos étangs. S'il y avait là de la résine, il y avait conséquemment des pins pour la produire.
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1885
14 E. BLANC.
La gemme ou résine brute telle qu'on l'extrait directement des pins est une oléorésine.
Assez souvent, les organes sécréteurs appartiennent au système tégumentaire, et notamment à l'épiderme. On en rencontre aussi dans le bois, plus fréquemment encore dans le liber, ainsi que dans le parenchyme conjonctif. Ils peuvent exister dans toutes les parties de la plante que forment ces différents éléments, c'est-à-dire aussi bien dans la racine que dans la tige, la feuille ou la fleur.
Les blessures faites aux couches extérieures de la tige des pins, soit accidentellement soit intentionnellement, pour l'extraction de la résine, paraissent amener la production locale de ce phénomène en provoquant la formation de courants de résine, qui sont dirigés suivant des secteurs allant du cœur de l'arbre à la partie attaquée et qui, sur leur parcours, transforment le bois en bois gras.
Cette modification s'étend même à l'aubier et donne à celui-ci les mêmes propriétés qu'au bois parfait. C'est ce qui explique pourquoi, malgré les tares que le gemmage cause dans le corps des arbres, on le considère souvent comme améliorant la qualité du bois, et pourquoi l'on prescrit souvent, dans les cahiers des charges relatifs à des travaux publics qui doivent employer du pin maritime, de ne se servir que de pin gemmé.
Les poches sécrétrices ont même origine et même constitution que les canaux sécréteurs, seulement leur forme n'est pas allongée. On les trouve dans certaines parties des plantes qui ont dans d'autres organes des canaux sécréteurs, par exemple : dans les feuilles de la plupart des Conifères, dans la tige de quelques-uns d'entre eux, dans les feuilles des Tagetes parmi les Composées, et des Mammea parmi les Clusiacées.
A leur état naturel, les substances résineuses sécrétées par les végétaux sont en général, comme nous l'avons dit, des oléorésines, c'est-à-dire des mélanges formés d'essences tenant en suspension ou en dissolution des résines.
Par exemple, la gemme des Conifères est une oléorésine formée d'essence de térébenthine C20H16, tenant en dissolution plusieurs résines qui sont des composés provenant de son hydratation et de son oxydation. Parmi ceux-ci, le plus oxydé est la colophaneG80H64O4, mélange d'acide pinique CSOR61,01, soluble dans l'alcool froid et d'acide sylvique qui a la même composition atomique, mais qui n'est soluble que dans l'alcool bouillant.
La gemme à l'état naturel contient aussi d'autres produits moins oxygénés dérivant de l'essence de térébenthine, tels que la lerpine ou hydrate de terpiihxe C20H20O4, 2HO ; ce corps cristallise en prismes droits à base rhombe ; desséché dans le vide, il fond à 103 degrés.
Les essences sont en général des liquides volatils et odorants ; leur point d'ébullition varie de +144 degrés (essence de girofle) à +260 degrés (essence de copahu). Elles sont insolubles ou peu solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone et les huiles grasses. Elles distillent sans décomposition et c'est sur cette propriété qu'est fondé le traitement industriel de la gemme. Elles ont une odeur vive et pénétrante, une saveur brûlante ; elles brûlent avec une flamme fuligineuse.
Résinage des pins.
Ce sont les espèces du genre Plii qui, en France, se prêtent le mieux à l'extraction des produits résineux.
Les espèces les plus résineuses sous ce rapport sont le pin maritime (Pinus pinaster), le pin d'ALep (pinus halepensis) et le pin laricio (pinus laricio).
La gemme du pin maritime.
Sa formule est, comme nous l'avons déjà dit, C20 H16 Elle bout à 161 degrés. Elle est lévogyre. Elle est employée pour la fabrication des vernis. Sous le nom de gaz liquide, on a utilisé pour l'éclairage un mélange de 10 parties d'alcool avec 1 partie d'essence.
Avec le système Hugues, la barrique de 350 kilogrammes rend 70 à 75 kilogrammes d'essence.
Transformations isomériques de l'essence de térébenthine.
Le térébenthène ou essence de térébenthine, chauffé à 25 degrés pendant plusieurs heures dans un tube scellé, se transforme en deux modifications isomériques : l'isolérébenlhène C20H16, liquide lévogyre, bouillant à 176 degrés, dont la densité est 0,843, et le métatérébenthène G*°H32, liquide également lévogyre, bouillant à 360 degrés.
Le goudron diffère très peu de la poix noire. On le fabrique par la combustion en vase clos des souches, des bois résineux et des déchets divers.
On voit que les oléorésines sont en quelque sorte des vernis naturels.
Le goudron donne de très nombreux dérivés dont l'importance industrielle est aujourd'hui considérable. Tels sont la naphtaline, C20H8 ; la paraffine, C48H50 ; la créosote, C28H16O4 ; la benzine, C12H6 ; la nitrobenzine, C12H5Az04 ; l'aniline, C12H7Az, etc.
Chacun de ces corps est le point de départ de toute une série de composés utiles.
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1885
119 - Fabrication de l'essence de térébenthine.
La gemme est la matière première de la fabrication de l'essence de térébenthine; c'est un
mélange, ou plutôt une dissolution de colophane dans l'essence.
Sous l'influence de la chaleur, celle-ci se volatilise, et la colophane reste comme résidu. Par distillation, Le rendement total en huile et en essence est d'environ 80 à 85 %; la principale cause de perte est due aux gaz combustibles qui se dégagent en abondance pendant tout le temps de l'opération et qui, jusqu'à présent, n'ont pas encore été utilisés.
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1879
101 MONDIET
Les huiles extraites du pin par les procédés Charavel sont de deux sortes : les huiles légères employées à l'éclairage, et les huiles lourdes employées pour la peinture et pour la conservation des bois. Nous parlerons d'abord de ces dernières.
1 ° Huile lourde de pin pour la conservation des bois — Le pinoleum ou huile lourde de pin s'obtient en distillant les bois résineux à basse température. Sa composition est :
L'essence de térébenthine qui s'évapore ensuite, sert de véhicule à toutes ces substances pour les faire pénétrer dans l'intérieur du bois, plus profondément qu'aucune matière n'a pu le faire jusqu'à présent, surtout à froid et sans le secours d'aucune pression.
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1869
66 A. Burger
On sait que le bois des conifères est formé de fibres et de rayons médullaires contenant des canaux résinifères, que la térébenthine circule dans ces canaux et s'y dépose ; qu'en définitive cette production de résine est tellement importante dans ces végétaux, qu'elle devient une branche d'industrie fort lucrative dans les forêts uniquement peuplées de pins.
Ces végétaux sont imprégnés de ce suc propre, toutes leurs parties en contiennent, les aiguilles les plus anciennes, comme les plus nouvelles, écrasées sous l'ongle, déchirées, exhalent une odeur de résine. Ces arbres sont donc des élaborateurs puissants et abondants de résine.
Mais j'ajouterai à ces produits un autre produit naturel dérivant de la résine brute et qui n'est autre qu'une partie de l'essence de térébenthine qu'elle contient, et qui se volatilise d'elle-même en sortant naturellement des pores de l'arbre sous l'influence des météores.
C'est l'odeur de résine répandue dans l'atmosphère de nos massifs d'arbres verts. Cette bonne senteur permanente dans nos massifs résineux, due à des particules gazeuses de térébenthine, est encore un produit hydrogéné.
On voit l'énorme quantité de matières hydrogénées dont les essences résineuses sont l'origine ; or la source inépuisable, c'est l'eau. Il faut donc dès lors qu'elles absorbent plus d'eau que les autres essences forestières qui ne remplissent pas le même rôle qu'elles, et c'est en effet ce qui a lieu.
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1868
65 Dr Knauss
LES RÉSINES.
On ne peut fixer l'époque où le gemmage a été pratique pour la première fois. Tout porte à croire que cette industrie remonte à la plus haute antiquité, car l'on retrouve, sur les troncs d'arbres ensevelis dans les sables et les tourbières des Landes, des traces d'incisions semblables à celles qu'on pratique de nos jours pour l'extraction de la résine.
Les anciens, toutefois, ne connaissaient que la gemme qui découle naturellement des plaies faites aux arbres de la famille des Conifères, et ils ne savaient tirer de ce produit d'autre substance que le goudron.
C'est au quatorzième siècle seulement que des alchimistes, dont le nom est resté inconnu, signalèrent l'existence d'une essence spéciale a laquelle ils donnèrent le nom d'eau ardente de térébenthine.
Cette eau ardente se fabriquait dans la foret de Cuges, près de Marseille, et dans les landes de Bordeaux.
Le commerce des résines était devenu si important au commencement du dix-huitième siècle, que la prohibition d'exporter les brais et goudrons, prononcée en 1744, ne put être maintenue, tant elle avait apporté de perturbation dans la seule industrie qui faisait vivre les populations du littoral du golfe de Gascogne.
On appelle résine un composé ternaire de carbone, d'hydrogène et d'oxygène, solide, mou ou liquide, suivant la température, rude au toucher, fusible et inflammable, fortement électro-négatif, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther et les huiles essentielles, et formant avec les alcalis des savons nommés résinâtes.
On appelle essences ou huiles essentielles des principes immédiats, hydrocarbonés et quelquefois oxygénés, distillant sans décomposition, peu solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, les éthers et les huiles grasses,
volatils, inflammables et ne formant pas de savons avec les alcalis.
Le procédé employé pour la fabrication de la térébenthine dite au soleil consiste à remplir de gemme des auges en bois dont le fond est formé de planches assemblées à joint plat. Ces auges sont exposées au soleil. La térébenthine se liquéfié et passe à travers les interstices du fond sur lequel les substances étrangères restent déposées. La combustion de toutes les matières résineuses donne naissance à une flamme fuligineuse qui dépose une grande quantité de charbon réduit en poussière d'une extrême ténuité.
Ce charbon, qui prend le nom de noir de fumée, est recueilli sur des châssis et des toiles disposées dans des chambres closes où l'on brille à feu libre tous les résidus de fabriques. Le noir de fumée est employé en peinture et pour la fabrication des encres d'imprimerie, industrie qui en fait une énorme consommation.
Les fourneaux à goudron ont différentes formes suivant les contrées.
Sur cette sole on dispose des bûchettes de 1 mètre de longueur sur 30 centimètres environ d'équarrissage, qu'on obtient en refendant les souches de pins. On y mêle les racines, les branchages, et, en général, tous les débris d'exploitation dans lesquels on aperçoit des traces de résine. Les bois bien résineux donnent environ 25 pour 100 de bon goudron, quand le feu est bien conduit ; mais, en général, on ne retire que 12 à 15 pour 100 du poids du bois employé.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1867
64 A E. Béraud
Dans ces forêts, quand la bruyère et l'ajonc abondent et s'élèvent avec vigueur entre les grands pins assez espacés pour recevoir les rayons solaires dont la chaleur favorise l'exsudation de la résine, le double couvert des arbustes et des pins s'oppose à la germination des innombrables graines qui tombent annuellement des arbres ; mais si les arbustes sont moins nombreux et d'une croissance moins vigoureuse, les graines lèvent peu de temps après leur chute.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
1862
122 L. Beaussire
Sur le domaine de Solférino :
208 hectares de plantations de feuillus de haute tiges de bois feuillus et de plants de pins de trois ans.
83 hectares en regarnis et sur ayriaux, hautes tiges de chênes-liège, chênes, châtaigniers, platanes, bouleaux et acacias.
On ne peut se dissimuler que le succès définitif de plantations de hautes tiges sur la lande, sans abri, ne soit très-difficile et même très-douteux pour la plupart des essences. Des arbres ainsi plantés sont d'une reprise difficile, à cause du peu de fertilité du sol et de l'action du vent qui hâle et dessèche la plante.
En outre, une fois repris, ces arbres sont excessivement fatigués par le vent qui les ébranle et par les ardeurs du soleil qui les brûlent avant que leurs racines aient pu pénétrer dans le sous-sol et y trouver de la fraîcheur. Il faut un choix d'essences véritablement appropriées à la lande pour que ces effets puissent être conjurés : le pin maritime a ce privilège à un haut degré ; viennent ensuite le chêne-liège et le platane ; les chênes ordinaires réussissent partiellement.
L'expérience a conduit à constater la réussite du bouleau, du robinier, de l'ailante et celle peu espérée du frêne. Le peuplier de la Caroline, qui prospère en plantation le long de certaines routes abritées plus ou moins directement par des rideaux de pignadas, a échoué presque partout en rase lande.
Si l'on faisait abstraction du temps et des autres motifs qui doivent faire désirer d'obtenir le plus promptement possible, dans les landes, des plantations variées et surtout des bois feuillus, on serait conduit à boiser d'abord les landes par le pin maritime, pour protéger dans leur développement les arbres des autres essences.
Dans cet ordre d'idées, les semis de pins maritimes seraient établis par bandes orientées du nord au sud, perpendiculairement à la direction des vents régnants ; ces bandes recevraient, dans leurs intervalles, les semis ou les plantations d'essences diverses qu'elles seraient destinées à abriter.
Pour que l'abri pût avoir l'efficacité désirable, il faudrait laisser les semis de pin maritime prendre une certaine avance ; cette avance varierait de quatre à dix ans, selon que ces peuplements seraient exécutés par semis, par plantations en basses tiges ou par plantations en hautes tiges.
Il reste à expliquer pourquoi, malgré ces considérations qui devraient évidemment faire tendre à l'ajournement des boisements d'essences feuillues, l'administration a donné dès à présent à ces boisements un développement assez étendu. On est conduit à entrer dans quelques explications sur les dangers de l'incendie pour les pignadars et sur la préservation qui résulterait de l'interposition des bois feuillus entre leurs massifs.
L'incendie de 1751 a ravagé les communes de Léon, de Saint-Michel-Escalus, de Linxe et de Castetets ; celui de 1822 a détruit les forêts des communes de Souston, de Messanges et de Moliets. Et celui du 8 mars 1862 a brûlé 394 hectares de semis de deux à sept ans d'âge.
On peut juger, par ces détails, de l'urgence des mesures à prendre contre la propagation des incendies. Il faut ajouter aux causes signalées plus haut l'imprudence des charbonniers, celle des chasseurs ou des voyageurs qui traversent les forêts de pins, les explosions des goudronnières, etc. Les seuls moyens préventifs réalisables consistent, aujourd'hui, dans l'ouverture de chemins et dans la création de pare-feux garnis de bois feuillus.
Aussi la création si nécessaire de ces pare feux éprouve-t-elle beaucoup de difficulté à se généraliser. Un expédient précieux pour rendre les pare-feux efficaces, sans se condamner à la nécessité de ces nettoiements périodiques, consiste dans leur peuplement en bois feuillus. Il est en effet remarquable que, tandis que sous l'ombrage imparfait des pins on voit se développer la végétation chétive de la lande, l'ombre des chênes et autres bois d'essence feuillue détermine au contraire, au pied de ces arbres, la production d'un gazon ras et frais qui n'offre à l'incendie aucun élément d'alimentation et de propagation.
C'est là un motif bien puissant pour encourager la création de plantations de ce genre, et c'est le point de vue où l'administration s'est placée quand elle a fait entreprendre immédiatement, et sur une assez grande échelle, ces plantations de bois feuillus.
On mettra aussi en ligne de compte l'avantage d'orner le paysage monotone des landes et des pignadars. Les Landais eux-mêmes, malgré l'attachement profond qu'ils ressentent pour leur pays et qui leur fait trouver du charme dans les horizons austères de leurs landes et dans les profondeurs de leurs forêts solitaires, aiment à entourer leurs demeures de la végétation riante des chênes et des fraîches pelouses qui accompagnent toujours ces arbres.
L'administration est donc fondée à espérer que ses efforts pour orner et égayer le paysage de la contrée seront appréciés et imités par les propriétaires locaux. On peut même constater dès à présent que la plupart des conseils municipaux ont suivi l'exemple donné par le domaine impérial et ont fait la même part et attribué le même rôle aux boisements d'essences feuillues, dans les projets de mise en valeur des landes communales dressés pour l'exécution de la loi du 19 juin 1857.
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1859
121 L. Beaussire
On rencontre dans le pays un grand nombre de personnes qui croient que le pin maritime est la seule essence qui doive être cultivée en grand dans les landes ; d'autres pensent qu'il serait avantageux de propager d'autres espèces d'arbres résineux, et même des bois feuillus. La plantation des essences feuillues nous paraît aussi se recommander par des avantages spéciaux qui doivent leur faire réserver une place assez importante dans la culture des landes. Certaines d'entre elles, comme le chêne et le chêne-liége, donnent, tout aussi bien que le pin maritime, un important revenu annuel. D'autres donnent des bois spéciaux de service et d'industrie que ne peuvent fournir les essences résineuses.
Toutes se recommandent par l'effet que produisent leur variété, leur port et leur contraste avec les forêts de pins ; leur disposition en massifs semés çà et là ne peut manquer d'embellir le paysage aujourd'hui si désolé ou si monotone de la lande ou du pignadar ; nous en avons l'expérience par le sentiment que nous éprouvons quand, au milieu de la lande ou dans une clairière de pignadar, nous rencontrons quelques-uns de ces bouquets de chênes ou d'autres arbres feuillus plantés par les pâtres pour ombrager leurs abreuvoirs, ou par les apiculteurs autour de leurs abeillers ; ajoutons à ces considérations d'utilité et d'agrément un motif qui se rattache véritablement à la sécurité de la propriété dans les landes.
On sait avec quelle fréquence et quelle intensité les incendies se développent aujourd'hui dans les forêts de pins ; les pare-feux ménagés par les propriétaires les plus prudents, les chemins publics ouverts à travers les pignadars ne suffisent pas toujours pour rompre la dangereuse solidarité de ces massifs inflammables, et il arrive souvent que l'incendie ne s'arrête qu'à la lande ou aux champs cultivés.
La végétation des forêts couvrira le pays d'une masse compacte et continue. Le danger des incendies ne laisserait alors aucune sécurité aux propriétaires si les forêts étaient dans des conditions aussi favorables à la propagation du feu qu'elles le sont aujourd'hui.
Le développement des bois d'essence feuillue offrirait le meilleur remède à ce danger. Il est hors de doute, en effet, qu'on diminuerait les chances d'incendie en établissant, dans les massifs des nouveaux pignadars, des bandes de 40 à 50 mètres de largeur en bois feuillus. Ces bandes pourraient être espacées de 500 à 600 mètres, et seraient orientées du nord au sud, perpendiculairement à la direction des vents régnants
qui soufflent de l'ouest ; on pourrait compléter ce système de préservation en établissant des bandes semblables dirigées de l'ouest à l'est, transversalement aux premières, mais l'espacement de ces bandes transversales pourrait être porté à 1,000 ou 1,200 mètres.
L'effet des bois feuillus, au point de vue que nous examinons, ne peut être méconnu. Les forêts de pins, surtout celles qui sont largement éclaircies, selon les exigences de la culture en résine, ne donnent que peu de couvert et favorisent le développement d’une végétation de fougères et de bruyères qui, dans certains cas, transmettent comme une traînée de poudre l'étincelle d'incendie qui y tombe.
Les bois feuillus, par leur couvert plus complet, étouffent au contraire cette végétation d'arbustes et favorisent le développement d'un gazon ras qui n'offre pas d'aliment à la transmission de la flamme. Il n'est pas sans intérêt de remarquer que ce gazon offrirait aussi l'avantage d'assurer aux animaux un meilleur pacage que celui qu'ils trouvent dans la végétation arbustive des pignadars.
Nous croyons donc fermement que la culture des arbres feuillus ne doit pas être proscrite, et qu'on doit lui réserver une part convenable du sol des landes.
Nous avons aussi exécuté cette année des plantations de bois feuillus sur divers points du domaine, et nous avons disposé ces plantations en massifs, ayant pour objet de rompre la monotonie du paysage et d'abriter les cultures agricoles. Nous avons planté un nombre très considérable de diverses essences dont les principales sont : platane, châtaignier, peuplier, Caroline, robinier, blanc de Hollande, chêne, chêne-liège, Ternis du Japon, érable, bouleau, frêne, etc.
Ces arbres ont été plantés tantôt en hautes tiges avec tuteurs, tantôt en basses tiges, appelées petits baliveaux par les pépiniéristes, et pouvant se passer de tuteurs, tantôt enfin en mêlant dans les mêmes massifs des plants de pin maritime aux plantations de bois feuillus.
Sur Ichoux et Laboueyre : 175 hectares de plantations mixtes de hautes tiges de bois feuillus et de plants de pins de trois ans.
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1812
132 Loiseleur-Deslongchamps, Jean
La substance résineuse qui défend le bois des Pins contre l’humidité, les rend spécialement propres à toutes les constructions qui doivent séjourner sous la terre ou dans l’eau. La tige droite et élevée des arbres de ce genre les a fait adopter dès les temps les plus reculés pour la mâture des vaisseaux.
Cet usage des Pins était tellement consacré, que le mot Pinus est quelquefois employé figurément par les anciens pour signifier un navire.
Le Pin était, chez les anciens, consacré à Cybèle; on le trouve ordinairement représenté avec cette déesse. Lorsque ses prêtres célébraient ses mystères, ils couraient armés de thyrses, dont les extrémités étaient des Pommes de Pins ornées de rubans.
La pomme de Pin était d’ailleurs employée dans les sacrifices de Bacchus, les orgies et les pompes de ce dieu.
Le Pin était aussi consacré au dieu Sylvain , car celui-ci est souvent représenté portant a la main gauche une branche de Pin, où tiennent des fruits du même arbre.
Properce donne encore le Pin au dieu Pan; il dit que le dieu d’Arcadie aime cet arbre, et on lui en faisait des couronnes.
C’est le Pin qui , dit la fable , semble encore verser des larmes, par la liqueur qu’il répand lorsqu’il est agité par le vent Borée.
La lumière des éclats de Pin enflammés éclairait toujours les sacrifices mystérieux offerts a Isis ou a Cérés.
C’est à l’origine du surnom de Tœdifera, que les poètes de l’antiquité donnent souvent au Pin.
Les jeunes mariés n’emmenaient leur nouvelle épouse dans leur maison que la nuit, et des torches de Pin les précédaient toujours dans leur marche. C’est de la que Tœda a été souvent employé, dans un sens figuré pour le mariage, même, par les poètes latins.
Ces flambeaux de bois résineux étaient aussi d’un usage consacré dans les cérémonies expiatoires. Il paraît que, pour les rendre encore plus propres a servir a cette destination, on les enduisait de cire et de soufre.
L’usage de brûler, pour s’éclairer, des éclats de différents bois, était très commun avant l’invention des chandelles et des bougies, qui ne remonte pas plus haut que le treizième siècle; et les habitants des montagnes, dans les pays du nord et en plusieurs autres contrées, s’éclairent encore avec des copeaux de Pin. C’est ainsi que les paysans des hautes montagnes du Dauphiné font, avec le bois du Pin Mugho, des torches qui brûlent très-bien. Ce bois est quelquefois si résineux, que,coupé en lames minces, il est transparent.
Ils produisaient souvent une telle surabondance de résine, que tout le bois, l’écorce et les racines même en étaient entièrement pénétrés, ce qui finissait par faire mourir l'arbre, qu’on disait alors converti en torche (Tœda). C’est cet état, cette affection morbifique qui rendait les Pins plus propres a servir de flambeaux pour les cérémonies sacrées ou même pour l’usage commun.
Le bois de Pin était aussi employé a la construction des bûchers qui servaient a brûler les morts; sa grande combustibilité le rendait très propre a cet usage. C’est ainsi que Virgile, nous représentant les Troyens occupés a rendre les derniers devoirs a Misène, dit, en parlant du bûcher qu’on lui avait élevé.
Chez les Grecs, les vainqueurs aux jeux Isthmiques recevaient une couronne faite de branches de Pin.
Le fruit des Pins était appelé par les Grecs conos, strobilos. Les Romains lui donnaient le nom de nuxpmea, et quelquefois celui de pomum.
La combustibilité des Pins rend leurs forêts beaucoup plus sujettes aux incendies que celles des autres arbres. Ces embrasements arrivent fréquemment en Sibérie, et ils font de très grands ravages, parce qu’on laisse l’incendie s’étendre sans chercher à en arrêter les progrès. Il est très difficile de se rendre maître de ces incendies, parce que les Pins brûlent par le sommet et que la flamme qui s’en dégage est très ardente.
Dans les Alpes et dans les Vosges, ils sont assez rares; quand il arrive un de ces accidents, on tâche de l’arrêter en pratiquant des abattis, comme on est dans Frisage de le faire lors des incendies des autres forêts. Dans les forêts de Pins des Landes de Bordeaux, où le feu prend assez souvent par la négligence des pasteurs, on l’empêche, par un moyen fort simple, selon M. Secondât, de faire des progrès et de consumer la forêt entière.
La chenille du Pin :
Ces chenilles ont été plusieurs fois si communes dans le nord de l’Allemagne, en Prusse et en Silésie surtout, qu’elles ont commis de vastes dégâts, dévorant, dans l’espace de quelques jours des milliers d’arpens de forêts de Pins. Pour remédier aux terribles ravages exercés par ces insectes , on a été obligé d’employer toutes sortes de moyens. On a défendu la chasse des pics, des chouettes, des engoulevents, des mésanges et autres oiseaux qui se nourrissent de ces chenilles, ou des phalènes qu elles produisent. On a aussi fait respecter les chauves-souris qui les dévorent.
Ces chenilles travaillent jusque après les premières neiges, ce qui donne lieu de croire quelles pourraient fournir de la soie presque toute 1 année dans nos départements méridionaux. Elles paraissent être toujours en activité , comme l’arbre qui les nourrit est toujours vert. On vit, ily a quelques années, auprès de Forges, de très-bons bas avec cette soie, quoiqu’elle ne fut ni décreusée ni dévidée, mais arrachée à la main et filée. Cette soie est très-forte et d’un blanc argenté , surtout lorsqu’on a soin de la ramasser avant les neiges. L'art ne pourrait-il pas travailler ici à perfectionner l’ouvrage de la nature ?
On connaît une chenille qui habite une galle résineuse du Pin et s’en nourrit : cette galle est une masse de résine dont la cavité sert de cellule à la recluse ; la résine qui la forme est semblable à celle qui découle du tronc et des branches de cet arbre, et elle a une sorte d’odeur de térébenthine : cependant c’est la nourriture de celle chenille. Elle mange ou bien elle ronge la substance intérieure de la branche, entièrement pénétrée d’une résine pareille, et cela non seulement sans en être incommodée, mais de manière à s’en nourrir parfaitement et uniquement, tandis que d’autres insectes meurent à la seule odeur de la térébenthine.
L’expérience a aussi démontré que cette chenille peut résister à l’essence de térébenthine la plus forte, dans laquelle elle demeure impunément plongée toute entière.
Outre l’utilité dont le Pin sauvage est a la plus grande partie des nations de l’Europe pour la mâture de leurs vaisseaux, les peuples du Nord l' emploient a une infinité d’usages; ils en construisent leurs maisons; ils en font des meubles, des traîneaux, des torches pour s’éclairer pendant la nuit.
Son écorce extérieure leur sert a remplacer le liège pour quelques usages, comme celui de soutenir sur l’eau les filets des pêcheurs ; ils emploient les lames du liber à faire des tapis. En Laponie, où le Pin sauvage est très commun, les habitants font, avec son écorce intérieure, qui contient un principe muqueux et nutritif, une sorte de pain : en Suède, on en fait également du pain, en le mêlant avec la farine de Seigle; dans d’autres pays du Nord, on l’emploie a engraisser les porcs.
Voici comment les Lapons préparent cette écorce : ils choisissent les Pins les plus élevés, dont le tronc est le moins garni de branches, parce que les petits arbres, et ceux qui ont beaucoup de rameaux, sont trop résineux; ils en enlèvent l’écorce dans le moment de la sève, et ils ont soin d’en séparer exactement toute la surface extérieure, pour n’en conserver que la partie intérieure. Après qu’ils ont fait sécher celle-ci a l’ombre, ils la font légèrement rôtir sur dés charbons, la coupent par morceaux, la brisent sous des meules, et la réduisent en une sorte de farine. En délayant, par une longue agitation, cette farine dans suffisante quantité d’eau, ils en forment une pâte, dont ils font des galettes fort minces, qui, étant cuites au four, sont susceptibles d’être conservées pendant un an.
La partie ligneuse, dans tous les Pins, est formée par des paquets de fibres longitudinales de deux sortes, les unes dures et les autres tendres. Plus ces dernières sont étroites, plus le grain du bois est beau et solide. Il est aussi de remarquer que les couches externes sont plus compactes que les internes. Le bois du Pin sauvage est très-bon pour la charpente; on en fait des poutres, des solives, des chevrons;
C’est., après le Cyprès et le Mélèze, celui de tous les bois indigènes qui résiste le plus longtemps placé dans l’eau ou dans les lieux humides. Cette qualité le rend très-propre a faire des pilotis, des tuyaux pour la conduite des eaux, des corps de pompes. Pour faire des tuyaux destinés a servir d’aqueducs, on prend des troncs de jeunes Pins, et on les fore dans le sens de leur longueur. Ces tuyaux sont nommés, dans les Vosges, corps de fontaine; on les place a un ou deux pieds sous terre ; ils ont ordinairement quatre a six pouces de diamètre, sur neuf a dix pieds de long, et sont réunis les uns au bout des autres par des viroles de fer. On a soin de ne pas les écorcer, par la raison que l’écorce étant très-résineuse, elle préserve le bois ; mais il faut avoir la précaution, si on tarde d’enterrer ces tuyaux, de les jeter a l’eau, sans quoi ils se gerceraient, et seraient même exposés a être piqués comme les autres bois. Ces tuyaux, placés dans des terrains secs, ne durent pas longtemps, ils pourrissent, tandis que dans des lieux humides ils se conservent nombre d’années. Leur consommation est considérable dans les Vosges, par la quantité de maisons isolées qui ont chacune leur fontaine, et les eaux étant souvent amenées dans l’étendue d’un quart de lieue et plus.
Pendant les chaleurs de l’été, la térébenthine suinte hors des barriques, quelque précaution qu’on prenne pour l’éviter.
On fait un grand usage du goudron dans les ports de mer ; il sert à enduire les cordages qu’il conserve en empêchant l’eau de les pénétrer , et qui par ce moyen durent beaucoup plus longtemps. Mêlé avec une certaine quantité de brai sec , on l’emploie pour compléter le calfatage des vaisseaux. On le mêle aussi communément avec une certaine quantité de gros rouge en poudre bien fine et tamisée , afin de lui donner du corps et de le faire sécher plus vite. Cela forme une espèce de vernis qui donne un coup-d’œil avantageux au vaisseau.
On se sert du goudron pour la guérison des plaies des chevaux , et contre la gale des moutons. Les Anglais ont préconisé l’usage et les grandes propriétés de l’eau de goudron pour la guérison de plusieurs maladies , et en particulier pour les ulcères du poumon. Le célèbre Berkeley, évêque de Cloygne, en Irlande, assez crédule malgré ses sophismes sceptiques, a fait un traité sur l’eau de goudron, qu’il n’hésite pas à regarder comme le plus puissant et le pins universel des remèdes. Il est bien peu de médecins aujourd’hui qui aient confiance dans ce moyen , et il est encore plus rare qu’on le prescrive aux malades.
Source gallica.bnf.fr / BnF.
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