APPORTONS DES COMPAGNES ET COMPAGNONS AU PIN MARITIME

1946

2 Revue des eaux et forêts

 

Et ces terrains ne furent boisés qu'en faisant appel à une seule essence : le Pin maritime.

Origine artificielle, monoculture absolue, telles sont, aux yeux du forestier, les deux caractéristiques de cette immense forêt, le défaut d'entretien, portant, aussi bien sur le réseau d'assainissement que sur les pare-feu, conséquence directe du manque de main-d'œuvre.

C'est à près de 400.000 hectares que l'on peut évaluer la surface d'où la forêt a disparu.

Le Pin maritime ayant fait ses preuves dans les Landes de Gascogne et procuré aux propriétaires fonciers des revenus importants, c'est à lui que ceux-ci recourent lorsqu'ils ont à reboiser.

 

Les noirs de l'incendie s'intercalent dans le grisé des boisements récents car la vieille forêt a résisté au feu tandis que la nouvelle, plus fragile, a succombé lorsque son entretien laissa trop à désirer.

 

Ces pistes, larges de 8 à 10 mètres, bordées de deux fossés, compartimenteront la forêt landaise et serviront :

• à la lutte contre l'incendie, en permettant l'arrivée rapide des secours et en constituant des pare-feu d'entretien facile ;
• à l'assainissement du sol ;
• à l'évacuation des produits de la forêt ;
• à la circulation des habitants.

Si le pin maritime a permis de tirer parti d'un sol improductif et amené la prospérité dans une région déshéritée, il n'y a aucun doute que sa monoculture absolue est, comme on pouvait le prévoir, un élément déterminant de la destruction de la forêt landaise.

 

Une essence de lumière accentuée, favorable à la pousse d'abondants sous-bois, une essence résineuse de grande inflammabilité, plantée sur une immense étendue sans solutions de continuité naturelles ne pouvait que constituer un ensemble fragile à l'égard du feu.

 

Du point de vue de l'incendie, il faut rechercher parmi les essences à feuilles molles, les essences d'ombre et donnant un humus abondant, celles susceptibles de réussir dans les conditions locales de sol et de climat.

 

Nous donnons ci-dessous la liste de celles qui sont, d'après nos observations personnelles, à planter ou à essayer :

 

Essences à réussite assurée :

• Ce sont, d'abord, avec le Chêne pédonculé (Quercus pedonculata), les essences indigènes d'autres régions de France où les essences depuis longtemps naturalisées dans notre pays.
• Le Platane (genre Platanus), essence extrêmement intéressante par sa plantation en boutures et sa très forte production ; à planter en sol plutôt frais (bordure de chemins ou de pare-feu).
• Le Peuplier (genre Populus), à planter en terrain frais, en bordure des fossés et au voisinage des étangs notamment.
• L'Aulne commun (Alnus glutinosa), essence vraisemblablement indigène, à employer dans les parties très humides ou mouillées (rives de cours d'eau).
• Le Robinier faux acacia (Robinia pseudo Acacia) pour les sols meubles et assez frais (talus entre autres).
• Le Châtaignier commun (Castanea satipa ou Castanea vesca) à n'utiliser qu'en sol siliceux et sans excès d'humidité ; à planter à proximité des métairies pour la consommation familiale du fruit.

 

Ce sont ensuite des exotiques proprement dits, plus ou moins répandus :

• Le Chêne rouge d'Amérique (Quercus borealis ou Quercus rubra), complètement naturalisé dans la lande, où il donne des semis abondants et rejette vigoureusement. Il vient bien en mélange avec le pin maritime, il est même, par endroits, envahissant, ce qui est particulièrement précieux. Cette essence, par son couvert épais, entraîne, en effet, la mort de la végétation arbustive.
• Le Chêne écarlate (Quercus coccinea), qui donne des semis naturels à Geneste, sans être toutefois envahissant comme son congénère.
• Le Chêne des Marais (Quercus Palustris) venant, malgré son nom, dans les mêmes terrains que le Chêne rouge.
• Le Noyer d'Amérique (Juglans nigra), qui présente dans la région une végétation vigoureuse, donne des semis naturels.
• L'Érable Negundo (Acer Negundo ou Negundo fraxinifolium). Cet arbre, répandu à profusion dans les jardins de la banlieue bordelaise et des stations du bassin d'Arcachon, n'atteint qu'une taille relativement peu élevée. De croissance très rapide (2 m. 80 de circonférence à 31 ans au Taillan), il a des rameaux et feuilles riches en eau, qui font qu'on pourrait l'employer dans des bandes pare-feu. Sa sève est utilisée pour l'extraction du sucre en Amérique du Nord ; des prélèvements effectués en 1942 à la Maison forestière du Moutchic ayant donné à l'analyse 12 à 33 grammes de saccharose par litre, son utilisation à cette fin est à étudier.
• Le Pin laricio de Corse et de Calabre (Pinus Laricio Corsicana, Calabrica), très beaux spécimens dans la région.

 

Essences à planter par petits groupes : d'autres essences sont à planter par petits groupes, en raison notamment du prix élevé de leurs plants.

• Le Copalme (Liquidambar styraciflua), dont on voit à Castillonville les plus beaux exemplaires de France, remarquables par la hauteur et la rectitude du fût ; on y constate d'abondants drageons vert épais militent en faveur de son essai. Une plantation effectuée en 1942 en forêt domaniale de Lacanau a bien repris malgré les sécheresses anormales.

 

Essences à essayer :

• Les Cèdres (Cedrus Atl'antica, Cedrus Libcini, Cedrus deodara). Spécimens très bien venants dans différents parcs.
• Certains Cyprès (Cupressus) pour le boisement des sols secs.
• Le Pin des Marais (Pinus palustris), dont les exemplaires de Geneste sont la rareté de ce domaine. Malheureusement, ils ne présentent pas tous une grande vigueur. Aussi, bien que ce soit un des gros producteurs de résine aux États-Unis, il paraît pour le Sud-Ouest beaucoup moins intéressant que le Pinus Taeda.
• Le Sophora du Japon (Sophora Japonica). Exemplaires de grande hauteur à Bordeaux.
• Le Chicot du Canada (Gymnocladus siliquastrum) dont on trouve des exemplaires assez gros mais un peu courts au Parc bordelais. Son drageonnement abondant en certains points de la région fait que cette essence pourrait présenter des avantages.
• L'Orme de Sibérie (Zelkova crenata). La grosse dimension des exemplaires du Jardin public de Bordeaux où se produisent des drageons, confère à cette espèce un certain intérêt.

 

Mais ce qu'il faut, c'est supprimer une monoculture trop absolue, compartimenter l'immense étendue autrefois boisée.

 

L'interdiction de planter du pin en bordure des routes, l'utilisation d'essences moins vulnérables au feu et de produits intéressants permettront ce compartimentage concurremment avec d'autres moyens, que nous n'avons pas à étudier ici (mises en culture, pâturages, etc.).

Le dessouchement auquel est liée l'extraction des goudrons résineux plus abondants dans cette partie de l'arbre, présente donc un grand intérêt.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1945

72 Ph. GUINIER.

 

La question de la mise en valeur des Landes a préoccupé bien des esprits durant la fin du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe.

Tous avaient remarqué que, dans ces sortes d'oasis boisées ou cultivées, disséminées dans les Landes et situées principalement à proximité des ruisseaux, on trouvait des moissons assez satisfaisantes et surtout des forêts à végétation vigoureuse.

 

Pour Desbiey, un tiers au plus de la surface des Landes est susceptible d'être mise en prairies ou cultivée en maïs, en seigle et en millet. Pour le reste du terrain, seule la forêt convient. « La culture du bois, dit-il, est le premier et le plus efficace des moyens de mettre nos landes en valeur. Le pin maritime, qui existe partout où les eaux ne sont pas surabondantes, est, de tous les arbres, le plus acclimaté et le plus approprié à la qualité de nos landes. »

 

De même, Claude Deschamps remarque que « des divers produits de la lande, le plus important est le pin maritime. »

 

L'amélioration des Landes ne resta pas uniquement dans le domaine de la théorie ; des essais de réalisation furent faits par des propriétaires et des capitalistes. Et Voltaire eut, à ce sujet, un mot cruel : « Vous vous plaignez des Landes de Bordeaux, mais sachez qu'on va les défricher et que même une compagnie s'y est déjà ruinée. »

 

En 1877, les communes restaient propriétaires de 102.834 hectares ; elles avaient aliéné 188.691 hectares, qui venaient s'ajouter aux 350.000 hectares environ déjà possédés par les particuliers.

Pour Chambrelent, c'est au Pin maritime que revient la place prépondérante, car il est merveilleusement adapté au pays. Il signale aussi les résultats encourageants obtenus, en certains points, par des semis de Chênes.

 

A son avis, les prairies doivent occuper une place assez importante. C'est grâce à ces prairies et à la possibilité de pacage dans les pignadas à partir d'un certain âge qu'on put substituer en partie, à l'élevage du mouton, celui de vaches d'une race adaptée au pays et susceptible de donner des produits assez importants. Les prairies sont nécessaires aussi pour produire le fourrage indispensable aux mules et chevaux affectés aux transports. En dehors des prairies, chaque famille cultive le seigle, le maïs, les pommes de terre nécessaires à ses besoins.

 

On ne saurait s'étonner des difficultés rencontrées dans la régénération de certaines pignadas.

Au bout de quatre-vingts ans, le sol qui a porté une génération de pins maritimes, n'est plus celui sur lequel ces pins ont été installés. Les arbres ont emmagasiné des matières fertilisantes qui ont été exportées en partie dans les produits de l'exploitation ; il y a eu appauvrissement d'un sol par lui-même peu riche.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1944

13

 

20 janvier 1944. Le rôle des essences feuillues dans le massif des pins maritimes, par M. TASSION.

 

Le lecteur se souvient sans doute d'une série d'articles sur ce sujet, entre autres de ceux de l'inspecteur fédéral des forêts à Berne : M. Hess (Bulletin de la Société forestière de Franche-Comté, 1937, p. 30), de M. H. de Coincy (p. 423) et de M. Pierre Buffault (p. 840), ces deux derniers parus dans la Revue en 1941.

 

M. Hess s'était déclaré impressionné par « l'intolérance à l'égard des feuillus » ; partisan du retour à la nature, il se ralliait au camp des forestiers qui veulent rétablir la forêt-climax composée de plusieurs essences avec un riche sous-bois, et la traiter par des méthodes qui se rapprochent des procédés de la nature. La discussion portait notamment sur le point de savoir s'il y avait à proprement parler régression de la forêt landaise et dégradation du sol de la lande gasconne. L'A. de l'article analysé présentement se place surtout au point de vue de la protection contre l'incendie. Entre la solution trop simple qui consisterait à ne s'adresser qu'au pin maritime et celle qui consisterait à s'adresser à de nombreuses essences très éloignées de l' « arbre d'or », il existe, à son avis, un juste milieu.

 

Vers 1877, Chambrelent admettait parfaitement que pins et chênes pussent venir sur la lande de Gascogne avec des chances égales et il envisageait fort bien qu'il y eût dans la future forêt, autant d'espaces couverts de chênes que d'espaces couverts de pins. En fait, l'expérience a montré que si le pin maritime poussait à peu près partout pourvu que le sol fût assaini, il n'en était pas de même du chêne.

 

D'autre part, il en est qui dénient aux feuillus toute valeur d'arrêt à l'égard du feu. Au printemps 1943, un taillis sous futaie de 80 hectares a été ravagé par l'incendie et pendant plus d'un mois la combustion a persisté en profondeur jusqu'au moment où les arbres, ayant eu leurs racines brûlées, ont basculé. Cette observation ne peut toutefois pas donner la mesure de ce qui se passe en année normale.

 

Si la chaleur et la sécheresse de 1942 devaient souvent se reproduire, il faudrait renoncer à la culture du pin, car on a vu des arbres dépérir cette année sans l'intervention du feu, sous la seule action de la chaleur solaire.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1941

3

 

Le pin maritime en est l'essence de beaucoup dominante, la seule essence même en plusieurs endroits. Mais il est généralement mélangé par places de chênes pédonculés et tauzins, tenus le plus souvent en sous-étage. Le pin maritime y a toujours existé ; mais longtemps, notamment au XVIIIe siècle et jusque vers le milieu du XIXe, il n'y couvrait pas tout le pays.

 

Il n'y constituait que neuf massifs séparés :

• trois relativement étendus situés sur les dunes anciennes dites Dunes du Sud, dans la vallée supérieure du Ciron (sud de Villandraut), dans celle de l'Avance (sud de Casteljaloux)
• deux petits massifs compacts sur les dunes anciennes ou « montagnes » de la Teste de Buch et de Biscarrosse
• et quatre autres, très morcelés, dans le bassin de la Leyre et dans les vallées des ruisseaux se déversant dans l'étang de Parentis, dans celui d'Aureilhan et de ceux aboutissant à Contis.

En plus étaient épars, le long des cours d'eau de l'intérieur de la lande, des bouquets analogues à des forêts-galeries.

 

En outre,

• d'une part, les forêts subsistant aujourd'hui sur dunes anciennes et ayant échappé à l'ensevelissement sous les dunes modernes, telles les forêts usagères ou « montagnes » de la Teste et de Biscarrosse, celles des Dunes du Sud ;
• d'autre part, les souches et troncs de pins et de chênes en place que l'érosion marine met souvent à nu sur la côte de Gascogne, attestent l'ancienne existence de boisements étendus et montrent ce que pouvaient être ces forêts d'autrefois, peuplées de pins et de chênes, entrecoupées de marécages.

Peut-être renfermaient-elles encore en plus quelques hêtres et coudriers, essences dont M. L. Glangeaud a retrouvé des pollens dans les lignites d'Hostens, restes de la forêt quaternaire (communication à la Société linnéenne de Bordeaux du 8 janvier 1941).

 

L'amélioration du sol forestier est manifeste, en particulier sur les parties de la lande où les chênes se mêlent au pin et dont certaines sont dites « montagnes » bien que d'altitude insignifiante (montagne d'Arès par exemple). Ce mélange de feuillus, souhaitable à divers points de vue mais qu'il ne faudrait pas exagérer, est la preuve certaine d'une amélioration du sol. Il en est de même dans les dunes modernes où se propagent les chênes (notamment dans le nord d'Hourtin et le nord de Lacanau à la suite de semis de feuillus prescrits par les anciens aménagements).

 

L'utilité de la présence et du maintien du chêne dans la pineraie de la lande a été mise en lumière par notre camarade M. de Coincy. (Les chênes dans les Landes de Gascogne, Congrès de la technique du Bois de 1937). L'asséchement du sol et la difficulté de régénération qui en résulte tiennent peut-être, dit-il, à l'élimination systématique des chênes pratiquée dans bien des propriétés. D'autre part, le devoir de l'État d'encourager les propriétaires par des allégements d'impôts, des réductions massives des droits de succession et, en même temps, d'assurer l'entretien des fossés d'assainissement collecteurs et d'arrêter le creusement des cours d'eau affouilleurs.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1941

12

 

Les forêts de chêne pédonculé des bords de l'Adour et de ses principaux affluents, le Luy et le Louts, sont, sauf exception des futaies. Celles qui sont soumises au régime forestier, et qui sont toutes communales, ont été jusque vers le milieu du xIx° siècle traitées en jardinage et en vue surtout de produire des bois pour la marine. Leur sol argilo-siliceux est presque partout profond et riche et inondé chaque hiver ; la régénération du chêne, s'il n'y a pas d'abus de pâturage ou de panage, y est ordinairement très facile.

 

Il semble que l'orme ayant eu une tendance à prédominer sur de nombreux points, on ait cherché à l'éliminer radicalement pour favoriser le chêne ; mais on peut se demander si cet ostracisme est bien justifié, car on a signalé dans certaines forêts où il avait été ainsi procédé, quelques difficultés de régénération.

 

Ces forêts ont été aménagées par la méthode des affectations permanentes au nombre de quatre, sans intervention pratiquement de la coupe secondaire dans la série des coupes.

Cette méthode facile à appliquer en première période, puisqu'on taillait en plein drap, et en général en seconde période, devient difficile à suivre dans certaines forêts quand on passe en troisième période, si l'on veut éviter des sacrifices d'exploitabilité ou des réductions trop fortes de la possibilité ; et on commence dans les cas un peu complexes à lui substituer la méthode de l'affectation unique.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1941

50 Pierre BUFFAULT.

 

L'amélioration du sol forestier est manifeste, en particulier sur les parties de la lande où les chênes se mêlent au pin et dont certaines sont dites « montagnes » bien que d'altitude insignifiante (montagne d'Arès par exemple).

Ce mélange de feuillus, souhaitable à divers points de vue mais qu'il ne faudrait pas exagérer, est la preuve certaine d'une amélioration du sol. Il en est de même dans les dunes modernes où se propagent les chênes (notamment dans le nord d'Hourtin et le nord de Lacanau à la suite de semis de feuillus prescrits par les anciens aménagements). L'utilité de la présence et du maintien du chêne dans la pineraie de la lande a été mise en lumière par notre camarade M. de Coincy. (Les chênes dans les Landes de Gascogne, Congrès de la technique du Bois de 1937).

 

L'asséchement du sol et la difficulté de régénération qui en résulte tiennent peut-être, dit-il, à l'élimination systématique des chênes pratiquée dans bien des propriétés. Que dans l'ensemble la forêt landaise se perpétue ; que les dangers sérieux qui la menacent sont l'incendie et le défaut de régénération par la faute du propriétaire.

 

Contre ces dangers les remèdes seront :

• d'une part, l'obligation, à faire aux propriétaires, de repeupler les terrains qui n'ont pas une destination pastorale justifiée, surtout si les peuplements exploités ont été créés avec subvention de l'administration, d'entretenir les petits fossés d'assainissement ; de se constituer en associations syndicales agissantes à l'égard des risques d'incendie (1) ;
• d'autre part, le devoir de l'État d'encourager les propriétaires par des allégements d'impôts, des réductions massives des droits de succession et, en même temps, d'assurer l'entretien des fossés d'assainissement collecteurs et d'arrêter le creusement des cours d'eau affouilleurs.

 

(1) Dans la Gironde deux arrêtés préfectoraux viennent (13 février) d'imposer à toutes les communes forestières la constitution d'une association syndicale et à tous les propriétaires forestiers l'obligation d'adhérer à l'Association de leur commune.

Ce sont d'excellentes mesures, auxquelles le Service forestier est loin d'être étranger.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1939

11 L. DE LAPASSE.

 

Les pins de place resteront sur pied à la densité moyenne de 250 à l'hectare, jusqu'au moment où on les soumettra au gemmage épuisement et au gemmage à mort, qui commencent quelques années avant la coupe rase de régénération. Celle-ci a lieu, suivant la révolution adoptée, entre 56 et 72 ans.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1938

10

 

les dunes anciennes, boisées depuis des siècles, avec :

Quercus pedunculata, chêne pédonculé

Quercus ilex, chêne vert

Quercus tozza, chêne tauzin

Quercus suber occidentalis, chêne liège

Erica scoparia, bruyère à balais

Erica cinerea, bruyère cendrée

llex aquitolium, houx commun

Crataegus monogyna, aubépine

Cistus salviaetolius, ciste à feuilles de sauge

Arbutus unedo, arbousier

 

et, comme tapis herbacé :

Arrhenatherum Thorei, faux fromental

Rubia peregrina, garance voyageuse

Arenaria montana, sabline des montagnes

Luzula Forsteri, luzile de forster

Hedera helix, lierre grimpant

Teucrium Scorodonia, germandrée scorodoine

 

Cette dernière association représente à peu près le terme normal de l'évolution de la végétation de ces dunes anciennement boisées.

 

Le Chêne yeuse des Dunes, par H. DE COINCY.

Le Chêne vert existe en peuplements disjoints, souvent même seulement par pieds isolés, soit pur, soit en sous-étage avec le Pin maritime, en bordure immédiate de l'Océan et spécialement dans les Dunes entre l'Adour et la Loire.

L'A. les décrit sommairement et conclut qu'il y a, du point de vue cultural, intérêt à favoriser ce mélange.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1937

72 a H. DE COINCY

 

Les chênes spontanés que l'on trouve dans la grande région du pin maritime (départements de la Gironde, des Landes et de Lot-et-Garonne) sont au nombre de quatre, chêne pédonculé, chêne tauzin, chêne occidental, chêne yeuse.

 

Le chêne yeuse est le moins répandu : il forme des peuplements complets dans la forêt domaniale de Soulac (Pointe de Grave) où il est soumis à l'exploitabilité physique et est bien représenté un peu au sud (l'Amélie) ; il existe, par places, dans les forêts domaniales d'Hourtin et de Lacanau. Un chêne yeuse magnifique et bien connu ombrage la terrasse située devant le pavillon Brémontier au Moutchic (forêt domaniale de Lacanau).

 

Le chêne surier (Quercus occidentalis) existe dans les Landes (sur la rive droite de l'Adour) et dans le Lot-et-Garonne (arrondissement de Nérac). Il ne dépasse guère, au nord, une ligne passant de l'ouest à l'est par Mimizan, Saugnac-et-Muret, Captieux. Il forme des peuplements résultant de semis ou plantation (les surèdes), ou se trouve disséminé au milieu des pignadas.

Ses deux centres d'élection sont, dans les Landes la région de Soustons et dans le Lot-et-Garonne celle de Mézin, régions où existent des usines de traitement des lièges. Le surier est un associé du pin maritime et on réussit bien les semis du premier à l'abri des semis de deux ou trois ans du second. On estimait, il y a peu d'années, qu'il se rencontrait disséminé ou par bouquets sur une surface de 10.000 hectares dans les Landes et de 14.000 hectares dans le Lot-et-Garonne.

 

En réalité il a une tendance à décroître en nombre et à dégénérer, et les arbres existants sont souvent malades. Les suriers présentant des tares ou des signes de dégénérescence devraient être abattus ou renouvelés.

Mais la tendance à la monoculture du pin maritime fait qu'on néglige les chênes ou même qu'on les supprime dans bien des endroits.

 

La dégénérescence du chêne occidental, lorsqu'on l'a constatée, paraît pouvoir être attribuée en partie au débroussaillement, qui, dégarnissant le sol, l'assèche ; le manque d'humidité est nuisible à l'arbre, la formation du liège en est retardée et c'est pourquoi la périodicité d'écorçage des lièges qui était jadis décennale est par force dans ce cas allongée jusqu'à douze ou même quinze ans.

 

Le chêne tauzin (Quercus tozza) est répandu dans toutes les landes de la région du pin maritime, mais il a eu beaucoup à souffrir de l'oïdium et on cherche, au moins dans les Landes, à l'évincer pour le motif « qu'il ne rapporte pas et qu'il prend la place du pin ». C'est là un effet de la monoculture du pin poussée à l'extrême sous l'influence des hauts cours atteints par la résine à une certaine époque après la guerre.

 

Cette éviction du chêne tauzin ne nous paraît pas très justifiée au point de vue cultural, et semble même une erreur dans certains cas au point de vue économique lorsqu'il ne s'agit pas d'arbres de futaie.

Au point de vue cultural le tauzin n'est pas gênant pour le jeune pin ; au contraire, ils s'élèvent côte à côte et la présence du feuillu est un bienfait pour le sol qui reste plus frais.

Et l'on peut se demander si les difficultés de la régénération naturelle du pin, dont certains se plaignent dans la grande lande, ne tiennent pas pour une part à l'appauvrissement du sol par suite d'un dessèchement que le maintien du tauzin aurait atténué (et le maintien de tous les feuillus en général). 

Le bois de tauzin est excellent pour le chauffage et nombreux sont encore dans certaines régions (Bazadais, petite Lande) les têtards de tauzin (escous) ou les cépées de cette essence qui servent pour le chauffage des métairies.

 

Mais dans d'autres parties par contre, c'est systématiquement qu'il a été enlevé, ou qu'on le recèpe en cherchant à le détruire lorsqu'on coupe le soutrage, si bien que la question du chauffage, si la propriété ne comporte pas de jeunes pins à éclaircir, n'est pas sans présenter certaines difficultés. Il faut d'ailleurs remarquer qu'avec le développement des gazogènes au bois, les taillis de tauzin pourront être appelés à rendre certains services sans entraver en quoi que ce soit la consommation des menus bois d'éclaircie et des déchets de scieries de pin maritime.

 

Le chêne pédonculé se trouve exister comme le tauzin dans toute la région du pin maritime gascon, mais à l'état sporadique dans les dunes. Dans la lande il existe soit en pieds isolés, soit en bouquets de taillis ou de futaie purs ou mélangés de pin ou de tauzin, châtaignier et acacia comme dans le Bazadais (le Bazadais est la région du Sud-Ouest la plus intéressante pour l'étude des peuplements de ces essences mélangées). 

Il est certainement en régression du fait que dans une grande partie des Landes on l'a coupé et qu'au lieu de le renouveler, on l'a remplacé par le pin qui « rapporte beaucoup plus vite ».

 

Et cela est fort dommage, car les beaux chênes que l'on voit autour de nombreuses maisons de la lande girondine et landaise (airiaux) prouvent combien le chêne pédonculé peut y prospérer malgré l'oïdium.

Il ne faudrait pas avoir à regretter un jour de n'en plus avoir et il y a vraiment assez de pin maritime pour que les propriétaires sages n'hésitent pas à planter régulièrement quelques chênes. Certains d'entre eux le font déjà et c'est ainsi que l'on voit soit des avenues, soit des pare-feu complantés en chênes sur leurs bords, mais en chênes américains (Quercus rubra et Quercus palustris). Ces chênes ont l'avantage de supprimer, grâce à leur feuillage épais, le sous-bois sous leur couvert (le sapin de Douglas a d'ailleurs le même effet). 

Il convient de signaler que l'on arrive à créer des chênaies dans de bonnes conditions dans des champs de la lande abandonnés en semant des glands de chêne d'Amérique et des graines de pin maritime en lignes alternées. Les semis se prêtent un mutuel appui, le pin protégeant le chêne, le chêne retenant plus de fraîcheur au sol. Puis la concurrence vitale joue, favorisant l'allongement des fûts des deux essences, et quand le moment est venu on éclaircit les pins, puis enfin on enlève ceux que l'on avait gardés lors de l'éclaircie. La chênaie est constituée.

 

La terre d'élection du chêne pédonculé, bien qu'on y ait aussi propagé artificiellement le pin maritime, est la Chalosse, la région au sud de l'Adour. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1935

33 Roger DUCAMP

 

Le Pin maritime, essence amie de la lumière, frugale et vagabonde, se tient toujours aux aguets, prêt à profiter de l'occasion favorable pour envahir les espaces vides. Sa puissance envahissante augmente à mesure que les porte-graines fertiles se font plus nombreux et que les peuplements naturels de feuillus se clairièrent davantage. L'envahissement de ce Pin est l'indication que la forêt spontanée est en régression. Or, il couvre mal le sol et est très combustible ; son extension est donc un mal et son emploi intensif dans les reboisements

et les restaurations de taillis ruinés n'est pas à conseiller. On se laisse abuser par le mirage d'une opération avantageuse du point de vue financier ; on n'arrive en fin de compte qu'à alimenter l'incendie. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1934

81 L.-F. TESSIER.

 

Retenons que le gemmage, « s'il n'est trop intensif, ni trop brusqué, ne diminue pas sensiblement le développement des pins vigoureux » et qu'il « améliore beaucoup le bois et le rend plus durable ».

 

La culture du Chêne-liège. La fabrication du bouchon et son écoulement, par LABOILLE-MORESMAU

J'y lis que le Quercus occidentalis produit un liège de meilleure qualité et qu'il peut pousser plus au Nord que le Quercus Suber. Cette digression vidée, je termine en conseillant vivement aux propriétaires du Sud-Ouest de lire l'article de M. LABOILLE-MORESMAU. Ils comprendront combien grande a été la faute de ceux qui ont sacrifié la culture du Chêne-liège à celle du Pin gemmé. Il est temps encore de faire machine en arrière.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1928

79 Pierre BUFFAULT

 

La création de peuplements d'essences mélangées serait souhaitable au point de vue de la défense contre les parasites ; mais les circonstances économiques s'y opposent évidemment. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1926

76 Pierre BUFFAULT.

 

D'autre part, la superficie de la lande boisée est, d'après les statistiques récentes, de 762.000 hectares se répartissant comme suit :

 

Département de la Gironde :

Forêts de pins 245.000 Hectares

Forêts de chênes et divers 55.000 Hectares

Département des Landes :

Forêts de pins 403.000 Hectares 

Forêts de chênes et divers  12.000 Hectares 

Département de Lot-et-Garonne :

Forêts de pins  32.000 Hectares 

Forêts de chênes et divers 15.000 Hectares

 

TOTAUX

Forêts de pins 680.000 Hectares 

Forêts de chênes et divers 82.000 Hectares 

Soit 762. 000 Hectares.

 

Sur cette étendue l'État possède actuellement 46.483 hectares, hectares  entièrement boisés en pin et situés dans les dunes (Gironde, 20.414 Ha. Landes, 26.069 Ha)

C'est ce qui lui reste du domaine de 80.000 hectares primitivement constitué et dont il aliène 17.127 hectares de 1861 à 1865 ; fâcheuses aliénations dont le produit s'est tôt dissipé sans grand profit pour l'avenir - que cette leçon nous serve en ce moment !

 

L'industrie résineuse occupe approximativement 18.000 résiniers. Les 120.000 tonnes de gemme ainsi récoltées sont distillées dans 230 usines (120 dans les Landes). 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

 

1905

23 A. JOLYET.

 

M. Durègne a parfaitement saisi le charme de cette vieille forêt que les nouveaux boisements sont loin d'égaler, ayant aux yeux du touriste trois graves défauts :

• une régularité excessive, qui engendre une monotonie insuffisamment rompue par le relief du terrain
• la jeunesse des arbres
• enfin, et surtout, l'absence presque totale de sous-bois.

C'est tout le contraire dans la vieille forêt. Sans parler du Marensin, remarquable par l'abondance de ses chênes-liège, il y a dans les forêts voisines de l'étang de Biscarrosse et du bassin d'Arcachon un sous-bois d'une végétation exubérante, tropicale, pourrait-on dire. De ce fourré de bruyères, de cistes et d'arbousiers s'élancent des pins maritimes, arbres superbes, dont le fût irréprochable et la magnifique frondaison impressionne.

 

Il semble que la dune, non contente de nous avoir conservé le pin maritime, ait voulu, en nous gardant l'arbousier, nous fournir l'élément d'un sous-étage merveilleux, protégeant le sol, sans augmenter les chances d'incendie.

Les forêts du Marensin, avec leurs trois étages de végétation (arbousier, chêne-liège, pin maritime), qui sont le commencement de la chaîne des dunes, n'ont-elles pas encore le caractère tropical ?

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1903

106 P. BUFFAULT

 

L'introduction dans nos dunes de végétaux exotiques ou simplement étrangers aux sables a été tentée dès les premiers travaux de fixation des dunes. Déjà, à la fin du xv° siècle, alors qu'on s'occupe beaucoup à Bordeaux de la mise en valeur des landes, paraissent divers mémoires relatifs aux plantes et aux arbres à introduire dans les sables. Vers 1794 ou 1795, les citoyens Catros et Borgeron — noms bordelais — lisent à la Société des sciences, arts et belles-lettres de Bordeaux des études sur ce sujet.

 

Essences : pin de Riga et de Corse, mélèze, sapin, chêne, châtaignier, érable, orme, acacia, triacanthos, ailante, olivier, etc.

 

Certains agents des Ponts et Chaussées s'y adonnent avec ferveur, par exemple l'ingénieur en chef Le Boullenger, à Mont-de-Marsan (1820). Des pépinières sont créées à Mimizan, Contis, Capbreton. Plus tard, on plante le parc de Montchic (au N.-E. de l'étang de Lacanau) et les garde-feu environnant la maison de Grave (forêt de Soulac).

 

La liste des végétaux essayés jusqu'à présent serait trop longue à donner ici et je me contente de signaler ceux d'entre eux qui ont réellement réussi. Ce sont, par ordre de succès, pour les arbres : l'ailante, le pin pinier, le tamarix, l'érable négondo, le robinier faux-acacia, le cyprès de Lambert, les chênes yeuse, tauzin, occidental, pédoncule, le broussonnetier ou mûrier de Chine, le mûrier noir, le figuier ; pour les plantes agricoles ou industrielles : la vigne (certains cépages seulement), le yucca, le romarin, la pomme de terre, le topinambour, la consolide, la luzerne. 

 

J'essaie actuellement une espèce toute voisine, le cédrèle de Chine, dont le bois est très prisé et qui serait bien préférable à l'ailante, Le négondo végète fort bien aussi dans les sables il devrait être propagé si la qualité de son bois, jusqu'ici tenue pour médiocre, le permet.

 

Le cyprès de Lambert croît activement dans la dune. C'est un fort bel arbre, très décoratif, dont le bois sera très avantageusement utilisé comme celui de tous les cyprès ; il est pleinement à recommander.

Les chênes, sauf peut-être l'yeuse (chêne vert) et l'occidental (corcier), n'ont pas donné encore de résultats tout à fait satisfaisants.

Le yucca et le romarin, par ironie du sort, poussent admirablement sur le sable pur mais sont sans utilité ou sans utilisation actuelle.

L'alfa et le thé ont été essayés mais avec un insuccès complet.

La pomme de terre, le topinambour, la consolide et la luzerne résistent à la sécheresse et à l'aridité des sables.

 

Avec un peu de soins et d'engrais ces plantes donneraient des récoltes rémunératrices. L'éminent professeur d'agriculture, M. Vassillière, recommande à juste titre les deux premières. Je crois pouvoir me permettre, sur mes essais et observations, de faire de même pour les deux autres.

 

J'ajoute, à ce propos, que l'on devrait aussi utiliser les précieuses ressources fourragères offertes par l'ajonc, qui croît spontanément dans les sables. La création d'ajonières serait grandement avantageuse. A l'égard des essences forestières ou arborescentes, il n'est pas besoin de dire que l'on ne songe nullement à supplanter le pin maritime, qui est et restera « l'arbre d'or » de nos sables gascons ; mais il peut être utile dans bien des cas et à divers points de vue d'adjoindre à cette essence principale d'autres d'une utilisation plus spéciale.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1901

22  J. Demorlaine

 

Il souhaite ensuite que la culture du chêne blanc (pédonculé) soit propagée dans les landes et les dunes par tous les moyens possibles, comme défense contre le feu, les insectes et les champignons.

Il propose enfin que l'exploitation du pin maritime soit faite, non plus seulement en vue de la résine, mais aussi en vue du bois, à l'aide d'un gemmage scientifiquement étudié et contrôlé.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1898

56 GOURSAUD

 

Devant chaque ferme, on voit, très régulièrement plantés, de beaux chênes pédonculés d'une belle venue qui ombragent la ferme et ses environs. Ces beaux arbres, dont le pivot est parvenu, après une longue lutte, à percer la couche d'alios, sont un exemple et une preuve que, dans ce pays des sables, il pourrait y avoir une autre végétation que celle des pins et d'autres produits que ceux du gemmage (I).

 

Si la lande est le pays du pin, c'est aussi celui du chêne, surtout dans les parties qui avoisinent les cours d'eau, où l'on rencontre le chêne tauzin cultivé en têtard, souvent sous le couvert des pins, quelquefois seul, et qui donne un excellent chauffage.

 

Le long du cours des grandes rivières et particulièrement de l'Adour, on trouve de belles forêts de chênes pédonculés, à peu près sans mélange, où la densité du bois, jointe à une croissance très rapide, fait de ces forêts les plus beaux spécimens de végétation forestière qu'on puisse voir.

 

Dans la région désignée sous le nom de Maremme et Murensin, on trouve le chêne occidental (quercus occidentalis), nommé corder dans le pays, et quelquefois surrier, qui constitue des massifs considérables.

Dans la contrée qui s'étend depuis l'étang de Soustons jusqu'à l'embouchure de l'Adour, il paraît être spontané, et, pour peu qu'on favorisât sa venue, il remplacerait avantageusement les forêts de pins maritimes d'un revenu beaucoup moindre.

L'arbousier s'y trouve fréquemment en sous-bois ; dans le voisinage des vents salés surtout, il atteint de belles dimensions.

Autrefois, on cultivait la vigne sur une grande étendue, à l'abri de la dune littorale ; on voit encore quelques cultures de ce genre à Cap-Breton.

 

Chêne occidental. — Le chêne occidental (Q. occiddentalis), longtemps confondu avec le chêne-liège, est connu dans le pays sous le nom de surrier, corder ; c'est le Q. suber, qui produit un liège aussi recherché que celui du chêne-liège proprement dit.

Il constitue, seul ou en mélange avec le pin maritime, le peuplement de grandes forêts le long du golfe de Gascogne, principalement dans la partie méridionale.

Il atteint de belles dimensions, et ressemble, comme port et formes générales, au chêne-liège. Il vit dans le sable, particulièrement sur les versants exposés au soleil ;  il vient cependant à toutes les expositions.

Il se plaît près des côtes, mais on en voit de cultivés, dans l'intérieur même de la Lande, où il prend des dimensions remarquables.

Sous le rapport de l'habitat, il est beaucoup moins exclusif que le chêne-liège, puisqu'on le cultive jusqu'à Versailles, dans le jardin de Trianon.

Il faut reconnaître que dans le Marensin, où se rencontrent les plus grandes et les plus belles forêts de chêne occidental seul, ou en mélange avec le pin maritime ; on ne soigne point assez ces peuplements d'un immense avenir. On doit dire aussi qu'il serait assez naturel de favoriser la croissance de cette précieuse essence au lieu et place de celle du pin, dont le revenu est relativement minime.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1897

41 Pierre BUFFAULT

 

Sauf pour les chênes et quelques feuillus, les résultats furent négatifs. Plus tard (1830 à 1866), on commença l'introduction en grand des chênes pédonculé, tauzin et yeuse, et des acacias (robiniers) qui réussirent très bien dans certains fonds des dunes de Soulac, puis des frênes et des érables qui furent plantés en allées sur les garde-feu de la même région par les soins du service des ponts et chaussées.

 

L'Administration des forêts fit de son côté diverses expériences ; en 1841, notamment, elle ensemença diverses parcelles de la forêt du Flamand en pin sylvestre, chêne blanc, chêne-liège et châtaignier. Plus tard, en 1865, elle installa dans l'enclos de la maison forestière de Grandmont une pépinière d'ailanthes, de robiniers, de peupliers trembles, de chênes et de charmes, d'ailleurs sans succès. Malgré sa proximité de l'étang d'Hourtin, le sol de cet enclos, formé de sable purement quartzeux, brûlé en été par le soleil, est certainement des plus mauvais et l'on peut être sûr que les végétaux qui y prospéreront s'acclimateront dans les dunes.

 

Voyons maintenant les diverses essences forestières, fruitières et autres et les plantes agricoles et industrielles qui ont fait l'objet d'expériences de naturalisation.

 

Les semis de chênes pédonculé, rouvre, tauzin et yeuse (q. pedunculata, sessiliflora, tozza et ilex) exécutés depuis 1882 dans le canton Est de la forêt domaniale d'Hourtin réussissent en général.

Le chêne-vert en premier lieu et le chêne pédonculé en seconde ligne forment la majeure partie des sujets ainsi obtenus. La naturalisation dans toutes les dunes de ces diverses espèces de chênes, qui croissent spontanément sur les dunes anciennes et dans les fonds frais de la région de Soulac peut être considérée comme réalisée.

 

Le chêne occidental, qui réussit très bien sur les sables des Landes, où il constitue de riches forêts, est certainement susceptible de s'acclimater dans les dunes du Médoc, au moins à une certaine distance de la mer. On pourrait installer le chêne occidental, notamment sur les garde-feu, en double ou triple rangée. Il ne nuirait pas à leur rôle de protection contre l'incendie, d'autant mieux qu'il demande à être espacé pour prospérer et produire le liège en abondance.

 

Plusieurs arbres spontanés ou subspontanés à Soulac ont été introduits depuis longtemps déjà à Grandmont et dans les dunes d'Hourtin.

Ce sont le robinier dit acacia (robinia pseudo-acacia), l'ailanthe (ailanthus glaltdulosa), l'orme (ulmus campestris) et le peuplier noir (populus riigrà).

Les deux premiers, quoique ne pouvant donner de beaux arbres sur les sables, doivent être considérés comme acclimatés et sont susceptibles de se reproduire d'eux-mêmes surtout par drageons.

Les deux autres semblent ne pouvoir réussir que dans certaines lèdes à fond frais ou près des étangs et des marais.

 

Depuis longtemps aussi on a tenté l'introduction du platane (platanus vulgaris Sp.). Les résultats sont très variables. A Grandmont et sur les autres points où des plantations ont été faites, Saint Isidore, le Pin-Sec, le Beautemps, certains arbres se sont développés et ont pris même d'assez fortes dimensions tandis que d'autres, leurs voisins, plantés en même temps et dans les mêmes conditions, sont restés chétifs et languissants. Toutes ces plantations ont été faites sur des lèdes dont le sol se compose d'une faible couche de sable reposant sur une assise argileuse ou aliotique avec l'eau à 2m50 ou 3m de profondeur.

Les arbres qui ont réussis le doivent sans doute à ce que leurs racines ont pu pénétrer dans le sous-sol et y puiser une humidité et des éléments nutritifs suffisants.

 

Le pin pinier (pinus pinea) est au contraire appelé à y prospérer. Il vient très bien dans la lande.

 

Le sapin pinsapo (abies pinsapo) s'acclimate fort bien aussi. L'enclos de Grandmont en renferme plusieurs jeunes sujets en bonne croissance malgré les sécheresses des dernières années. Au Moutchic (dunes de Lacanau) il y en a d'autres introduits.

 

Une espèce qui, plus encore que le pinsapo, est faite pour les dunes et est comparable au pin maritime pour la rapidité de sa croissance, c'est le cyprès de Lambert (cupressus Lalnbertiana). On plante beaucoup cet arbre à Soulac et au Verdon. Dans ces localités on peut en voir plusieurs très beaux spécimens. Ce cyprès devient un fort bel arbre, à la fois ample et gracieux. Son couvert est très épais. Il est susceptible d'atteindre un diamètre et une hauteur considérables. Sa végétation, même sur les sables secs, est très active et ne souffre pas de l'aridité du sol ni de la sécheresse du climat.

Il fructifie en Médoc, mais son introduction par voie de semis direct est encore à essayer. Jusqu'ici on n'en a fait que des plantations et son importation par ce moyen est absolument acquise.

Nous croyons pouvoir conseiller vivement et avant tout autre le cyprès de Lambert pour les plantations à faire sur les sables les plus nus et les plus arides. Arbre d'ornement, il peut devenir un arbre de rapport par son bois, qui, comme celui du cyprès pyramidal, est excellent pour la charpente et la menuiserie, d'une durée presque illimitée sous l'eau et fournit de très bons échalas.

 

Nous avons aussi essayé une variété du cyprès de Lambert, le çyprès glauque (c. lamb. glauca), d'un joli effet de coloration, et le cyprès de Lawson [c. Lawsoniana), qui semblent devoir réussir.

 

Le févier d'Amérique (gleditschia Iriacanthos) croît très activement dans les sables et peut y être avantageusement propagé comme le robinier. Parmi les arbres à cultiver dans les dunes, il est aux feuillus ce que le cyprès de Lambert est au résineux. Introduit depuis longtemps sur de mauvais sables à Soulac, il l'a été depuis peu et avec plein succès à Grandmont.

 

Le cyprès chauve (taxodium distichum) s'accommode du sable des dunes, mais à la condition essentielle d'être planté au bord des eaux douces, ce qui est d'ailleurs la station de cet arbre.

 

L'introduction des essences suivantes, essayée il y a plus de 15 ans, sans échouer véritablement, n'a pas donné de résultats satisfaisants. Ces essences sont : le chêne de Banister (q. Banisteri), espèce américaine buissonnante, essayée par voie de semis, le sapin de Douglas (abies Douglasii), le thuya de Lobb (thuya Lobbii), le séquoia toujours Vert (sequoia ou taxodium sempervirens), le catalpa (catalpaspeciosa), essayés par voie de plantation.

 

N'ont aucunement pu réussir : le charme (carpinus betulus), le séquoia gigantesque (Vellingtonia gigantea), les eucalyptus piperita, viminalis, obliqua et robusta, enfin le grand palmier de Fortune (chamoerops excelsa).

 

Un murier blanc (morusalba) déjà âgé existe près de la maison forestière de Soulac. Des plantations de cet arbre ont été faites il y a quelques années et avec un certain succès à Soulac et à Saint-Isidore. Il semble que le mûrier, qui aime les sols légers et secs, doive s'acclimater dans les dunes. Il y a là une intéressante tentative à continuer.

 

Ont été essayés dernièrement à Grandmont et trop récemment pour qu'on puisse se prononcer sur leurs aptitudes : le tilleul à grandes feuilles rouges (tilia grandijlora rubra), le noyer (juglans regia), le micocoulier de Provence (celtis australis), le gingko (gingko biloba), les cèdres du Liban et déodara (cedrus libani et var. deodara).

 

Dans les forêts domaniales des dunes, lors du passage des nettoiements et éclaircies, on recèpe les feuillus (chênes et châtaigniers) rabougris qui se trouvent mélangés aux pins maritimes et l'on émonde ceux d'entre eux qui sont bien venants. Cette double opération, appliquée ces dernières années à divers arbres introduits dans l'enclos de Grandmont, a eu de très heureux résultats.

 

Des chênes, des platanes, des arbousiers, des catalpas, etc., qui étaient restés jusqu'ici buissonnants, ont été remplacés par des rejets vigoureux, souvent même extraordinairement élancés lorsque la souche qui les nourrit est un peu grosse. Le recépage de séquoias toujours verts qui végétaient rabougris et avaient le pied entouré de nombreux rejets a produit aussi le meilleur effet.

 

En 1868 on a planté auprès des maisons de gardes poiriers, pommiers, figuiers, pêchers, pruniers, cerisiers, abricotiers.

En 1894, de nouvelles plantations de fruitiers ont été faites et on a tenté en plus l'introduction de l'amandier. En dehors des forêts de l'État, sur divers points des dunes, on a cultivé et on cultive des fruitiers.

Leur introduction sur les sables est parfaitement réalisable, mais ces arbres sont très délicats, réclament des soins constants et la fumure du sol ; aussi ne pourrait-on les cultiver en grand, comme on l'a parfois proposé. De plus ils sont de courte durée pour la plupart.

 

Le figuier est de reprise très difficile ; une fois pris, il végète d'une façon satisfaisante, dure longtemps et produit des fruits abondants et savoureux.

Le cerisier et le pêcher sont de ceux qui s'accommodent les mieux du sable. Les pêches obtenues dans les dunes sont précoces et fort bonnes.

Le poirier sauvage croissant dans les dunes à l'état spontané, surtout dans les fonds de lèdes, le mieux serait de le propager et de le greffer avec les espèces fruitières appropriées.

 

En 1896, ont été essayés deux fruitiers rustiques qu'on ne peut encore juger, bien que les apparences soient déjà très favorables : le Kaki du Japon (diospyos Kaki) et le bibacier ou néflier du Japon (eryobotryta Japonica).

 

Le tamarix (tamarix gallica), qui est spontané dans les palus du Bas-Médoc, a été introduit depuis longtemps dans la région des dunes. Cet arbuste vient dans le sable qui n'est pas trop exposé à la grande sécheresse. Il est utile parce qu'il croît jusqu'au bord de l'Océan sans trop souffrir du vent de mer et qu'il peut fixer ainsi les versants des dunes littorales du côté de la mer.

 

L'arrochehalime (citriplex halimus) végète assez bien, même sur les sables secs.

 

Le romarin (rosmarinusofficinalis), l'églantier et plusieurs rosiers (rosa cajiinciet autres), lelilas (syringa vulgaris), le fusain du Japon (evonymusjaponicus) s'acclimatent aisément sur les sables. Il en est de même d'une belle graminée exotique, la gynérie argentée (gynerium argenteum), des cactus et duyucca (yuccagloriosa). Il est regrettable que tous ces végétaux qui croissent sur les sables soient à peu près sans utilité industrielle ou agricole.

 

Au printemps de 1896 ont été essayés le grenadier (punica granatuin) et les pistachiers lentisque, térébinthe et commun (oistacialentiscus, terebinthus et vera). L'expérience n'a pas encore donné de résultat positif.

 

Les bambous viennent dans les sables, mais seulement dans les sables humides. 

 

Des plantes agricoles et industrielles dont on a pu tenter l'introduction dans les dunes, la vigne est certainement celle qui a le plus occupé les expérimentateurs et sur laquelle on avait fondé le plus d'espérances. Les bénéfices énormes réalisés il y une vingtaine d'années dans la viticulture et l'immunité que la mobilité du sable assure à la précieuse plante contre le phylloxéra avaient poussé les particuliers à défricher leurs bois des dunes pour y substituer la vigne.

A peine engagés dans cette voie, beaucoup furent déçus et abandonnèrent peu à peu leurs entreprises. Les causes qui mettent, en général, obstacle à la viticulture dans les dunes sont multiples et connexes : c'est d'abord la fréquence des gelées qui ravagent véritablement les plantations presque tous les hivers et cela en raison de la nature du sol et de la proximité des bois ; cependant il ne faut pas croire que la viticulture soit impossible même avec avantage sur les sables des dunes et nous regardons comme exagérées les conclusions de ceux qui condamnent cette exploitation.

 

La région soulacaise justifie manifestement notre manière de voir. Divers vignobles sur les dunes des alentours immédiats de Soulac, les propriétés de la Société de l'Amélie et de divers particuliers qui occupent des surfaces considérables dans les lèdes au sud de la ville, témoignent d'une vigueur de végétation, d'une abondance et d'une qualité relative de production, d'une durée vraiment étonnante pour la nature du sol où elles se trouvent. Ces vignes réclament fort peu d'engrais, moins de façons que celles du pays vignoble. Beaucoup produisent depuis plus de 20 ans. Les vins blancs et rouges qu'elles fournissent non seulement sont d'une valeur marchande suffisante, mais encore se peuvent convertir en excellente eau-de-vie.

 

La prospérité des vignobles soulacais tient sans doute à deux circonstances particulières dont bénéficie cette région : la couche sableuse qui constitue son terrain actuel est bien moins pauvre en éléments nutritifs que dans les autres dunes et beaucoup plus fraîche ; de plus, l'extrême pointe du Médoc n'est pas très exposée aux gelées, elle en subit bien moins que le reste du littoral et même que le département de la Gironde dans son ensemble. Notre conclusion est donc qu'au lieu de condamner la viticulture dans les sables, il convient de la développer partout où l'on n'aura pas à craindre l'extrême aridité du sol ni les gelées fréquentes.

 

Une plante agricole qui réussit sur les sables et qui n'y a cependant été introduite que pour une minime proportion, et seulement dans les jardins des gardes et autres rares habitants des dunes, c'est la pomme de terre. Le tubercule de Parmentier est une plante des sables ; malgré qu'elle n'y échappe point aux gelées, elle y prospère et y acquiert plus que partout ailleurs toutes ses qualités.

 

On a vivement conseillé de propager le topinambour dans les dunes. M. Vassilière voudrait le voir introduit en grand dans l'agriculture landaise. Nous en avons fait l'essai, le topinambour ne vient assez bien que dans les sables frais ; comme ceux-ci sont rares dans les dunes, le topinambour n'y saurait être cultivé en grand.

 

Nous avons commencé en 1894, à Grandmont, des essais d'introduction de trois plantes fourragères mises en relief par les sécheresses des années dernières : la consoude rugueuse du Caucase déjà ancienne, la persicaire de Sakhalin (polygonum sachalinensé) et la gesse des bois améliorée (lathyrus sylvestris Wagneri), celles-ci récemment importées en agriculture.

 

La consoude croît bien dans le sable, mais est sensible aux grandes sécheresses ; elle se propage par surgeons, sans avoir besoin de culture. Elle fournit un excellent fourrage et est à recommander pour les dunes.

Par contre, la persicaire n'y réussit point sauf dans les parties très fraîches des sables, lèdes humides et bords des étangs et marais. Les semis qui en ont été faits ont manqué complètement et la sécheresse a fait périr la plupart des sujets plantés. Il ne semble donc pas que la persicaire puisse être utilement introduite.

 

Le lathyrus amélioré par M. Wagner dérive de la gesse sauvage. Pour l'installer à Grandmont, nous avons semé des graines et repiqué en place au bout d'un an les plants, qui avaient alors une racine de près d'un centimètre de diamètre et de 0m30 de longueur. Il paraît qu'au bout de peu d'années l'enracinement devient très long et très abondant, ce qui permet à la plante de bien fixer les sables et de résister à la sécheresse. Son feuillage abondant couvre le sol et est mangé avidement par le bétail et par le gibier. Le lathyrus est, croyons-nous, à recommander comme la consoude.

 

La luzerne doit être conseillée plus encore que la consoude et le lathyrus comme fourrage convenant aux dunes où elle donne de très bons résultats. On peut en voir des champs bien garnis sur les sables de la station balnéaire de l'Amélie et dans quelques postes forestiers. Elle ne souffre de l'extrême sécheresse que pendant ses deux premières années, tant que son enracinement n'a pas une longueur suffisante, après quoi elle fournit plusieurs bonnes coupes par an.

 

L'acclimatation de ces diverses plantes fourragères sur les sables est d'un grand intérêt pour les propriétaires des dunes qui ont des troupeaux à nourrir, pour les préposés forestiers qui ont ou pourraient avoir tous quelque cheval ou quelque vache à entretenir, enfin pour les chasseurs qui voudraient introduire dans les bois du gibier que le manque de nourriture suffisante en éloigne actuellement. Mais ces plantes doivent être installées sur les parties les moins sèches des sables.

 

Notons enfin que les légumes viennent en général fort bien dans les jardins établis parmi les dunes et sont d'excellente qualité. Mais ils réclament assurément des soins qu'on ne pourrait donner facilement à une culture en grand. A signaler entre autres l'asperge, à qui le sable convient très bien.

 

Dans ce but on devrait mélanger au pin maritime, par voie de semis, les chênes pédonculé, rouvre, tauzin, yeuse et occidental ; ce qui aurait le double avantage de créer la forêt mélangée, toujours préférable à la forêt d'essence pure, et de varier et d'accroître les produits ligneux des dunes.

En outre, il conviendrait d'utiliser les garde-feu, immense surface (145 ha. pour les forêts de l'État seulement, en Médoc) aujourd'hui totalement stérile, soit en y plantant des rangées de chênes occidentaux et autres qui seraient d'un bon revenu, soit en y cultivant des plantes agricoles ou industrielles sarclées. Dans l'un et l'autre cas, l'efficacité de ces pare-feu vis-à-vis de l'incendie ne serait pas sérieusement diminuée.

Enfin, dans les endroits appropriés, on créerait des taillis d'acacias, de gléditschias, d'ailanthes, des vignobles, des luzernières, etc.

 

Les expériences sont à continuer et l'on est loin d'avoir actuellement épuisé la série des végétaux utiles dont la naturalisation serait avantageuse et intéressante ; certaines plantes déjà essayées doivent encore l'être à nouveau. Citons entre autres : le çhêne rouge d'Amérique (q.rubra) que sa croissance rapide et sa frugalité à l'égard du sol semblent désigner spécialement pour les dunes s'il peut supporter les chaleurs du climat de cette région ; l'eucalyptus urnigera qui résisterait au froid ; le mûrier blanc que son bois et ses feuilles recommandent ; le laurier camphrier (lauruscamphora), le thuya articulé (callitris quadrivalvis), le virgilier (virgilialutea), le sophora du Japon (sophora japonica) et le cerisier de Virginie (prunus serotica), tous intéressants à divers titres et qui seront sans doute essayés prochainement.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1896

1

 

Les essences forestières sont nombreuses qui peuvent croître dans les sables des Landes.

 

On voit notamment des chênes fort beaux jusque près de l'Océan, des chênes-liège, des platanes, des frênes, des peupliers, des fruitiers. 

 

Si l'on sait par de vieilles chartes, ou même par l'existence de quelques beaux arbres subsistant encore sur la place d'anciens massifs, que d'importantes futaies de chêne s'étendaient autrefois jusqu'à l'Océan, on a aussi des preuves frappantes de l'antique existence du pin maritime. 

 

Un arbre de 60 ans peut livrer de 6 à 8 kilogrammes de matières résineuses, et dans les estimations moyennes on compte généralement 2 à 3 litres pour la production annuelle d'une quarre. L'essence, par sa propriété de dissoudre facilement les résines et gommes-résines, par la rapidité avec laquelle elle s'évapore en laissant un résidu qui se résinifie, entre utilement dans la composition de beaucoup de vernis ; c'est son principal emploi.

 

Cependant, outre les produits ligneux proprement dits et les produits résineux dont il vient d'être question, on

peut encore citer : le gaz, le goudron, le charbon, les acides acétique et pyroligneux, l'esprit de bois (alcool méthylique impur) que l'on obtient par la distillation des souches ou des morceaux de tiges, en vase clos ; le goudron que l'on recueille de la combustion des souches dans des fours disposés pour cela, l'huile obtenue par l'écrasement des graines du pin maritime.

 

Des pare-feu existent actuellement surtout dans les forêts domaniales.

 

Là, ils ont généralement une largeur de dix mètres et forment à l'intérieur un réseau à mailles sensiblement rectangulaires enserrant des surfaces d'environ cent hectares. Les garde-feu doivent être nombreux et larges pour être utiles, et l'on peut s'inquiéter de voir de vastes surfaces rester ainsi improductives.

Pour remédier à cet inconvénient, le meilleur moyen ne serait-il pas d'effectuer, sur toute l'étendue des garde-feu non utilisables pour voie de transport, des cultures sur lesquelles le feu aurait peu de prise : de la vigne à pieds très espacés, des plantes sarclées, des arbres fruitiers ?

 

Au point de vue forestier on pourrait établir des plantations de feuillus, tels que le chêne pédonculé ou le chêne-liège.

Ces plantations de chênes peuvent donner de forts beaux produits, font un bon obstacle à la propagation du feu et réussissent bien dans les sables des landes, lorsque la dent des bestiaux ne vient pas dans le jeune âge les mutiler et les détruire.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1896

21  M. Mael

 

Le sol des landes et des dunes est éminemment propre à la culture forestière. Outre le pin maritime, la plupart des essences feuillues s'y développent assez rapidement, ainsi qu'on le voit aux environs des villages ou des habitations isolées, sur les routes, près des gares et sur divers points en forêt dans les départements de la Gironde et des Landes. Ses faits sont reconnus et attestés par les auteurs qui ont écrit sur les landes. On peut citer entre autres exemples les taillis sous futaie qui se sont peu à peu formés sous les pins à Pontenx-les Forges et à Labouheyre.

 

Il y aurait de grands avantages à introduire les essences feuillues dans les pineraies, soit comme sous-bois, soit par bandes ou massifs en mélange. On diminuerait beaucoup les chances d'incendie, et de ce fait, la propagation des insectes et des cryptogames qui attaquent le pin maritime se trouverait enrayée.

 

De plus, on créerait de précieuses ressources pour l'avenir. Afin d'assurer la réussite, surtout en commençant, il faudrait choisir des parcelles bien abritées contre les grands vents et opérer sous des massifs âgés et clairs.

 

Enfin l'interdiction absolue du parcours du bétail, jusqu'à ce que les nouveaux peuplements soient suffisamment défensables, est une des conditions indispensables du succès.

 

Voilà une idée féconde qui commence à faire son chemin. Elle date de 25 ans à peine, et nous la voyons se faire jour sous des formes et dans des conditions diverses à Mont-de-Marsan, à Lesparre, à Bordeaux, pour ne citer que ces trois points.

L'insertion à l'Officiel la met à la portée de tout le monde, et les exemples, cités par M. le Conservateur de forêts à Bordeaux, de forêts de bois feuillus spontanées sous les pins sont des plus topiques.

 

Un jour prochain, sans doute, les résultats heureux du mélange seront mis en évidence par d'autres faits.

 

En parcourant, de Mimizan à Parentis, la dune littorale et la belle forêt qui recouvre et fixe ces sables, les élèves ont assisté aux principales opérations de l'important service des dunes ; ils ont pu se convaincre de la grandeur de la tâche aujourd'hui accomplie, grâce à un siècle d'efforts persévérants.

 

Ils ont été frappés, en voyant les immensités de pineraies détruites par les incendies de 1893 et 1894, de la nécessité d'assurer l'avenir de ces utiles forêts par l'introduction des feuillus et notamment du chêne pédonculé en mélange avec le pin maritime.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1896

40 M. Béral.

 

Les essences forestières sont nombreuses qui peuvent croître dans les sables des Landes. On voit notamment des chênes fort beaux jusque près de l'Océan, des chênes-liège, des platanes, des frênes, des peupliers, des fruitiers. Mais l'espèce principale, celle qui s'accommode le plus facilement à toutes les exigences du sol et du climat, celle qui donne le plus rapidement des produits rémunérateurs, c'est le pin maritime. Cette essence paraît avoir été de tout temps sinon dominante, au moins très importante.

 

Si l'on sait par de vieilles chartes, ou même par l'existence de quelques beaux arbres subsistant encore sur la place d'anciens massifs, que d'importantes futaies de chêne s'étendaient autrefois jusqu'à l'Océan, on a aussi des preuves frappantes de l'antique existence du pin maritime.

 

Actuellement le pin maritime entre pour 52% dans les forêts qui couvrent les Landes. Mais si l'inopportunité de l'enlèvement de quelques bruyères, brandes ou ajoncs est contestable, il est manifestement mauvais d'enlever les mousses, les menues herbes, le terreau en formation, enfin tout ce qui contribue à améliorer le sol.

Il est clair que ce qui est bon comme engrais pour les terres est encore meilleur pour la forêt d'où on extrait tout, bois, résine, etc., sans donner aucune culture, sans apporter aucune fumure.

L'enlèvement des feuilles est notamment préjudiciable par suite de la richesse des principes qu'elles restituent au sol, d'ailleurs bien lentement, car il faut 3 ans 1/2 pour arriver à une entière décomposition. Si l'enlèvement de certains éléments du soutrage est nuisible,  l'extraction des broussailles et morts-bois est grandement utile pour protéger la forêt contre l'incendie, fléau contre lequel on ne saurait dans les landes prendre trop de précautions. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1894

8

 

Le chêne-liège donne une récolte tous les dix ans et la première n'a généralement pas lieu avant sa trentième année. Dans le Lot-et-Garonne, on calcule que l'étendue des forêts de chênes-liège couvre une superficie de 11.000 hectares. Les récoltes annuelles de ce département ne s'élèvent qu'à 2.500 quintaux.

 

L'exploitation du liège a lieu sur divers points du département, mais principalement dans la partie du littoral qui s'étend de Bayonne à Léon et un peu au-delà. Les surfaces exploitées sont estimées à 13.000 hectares dont 10.000 appartenant aux particuliers et 3.000 aux communes.

 

Dans l'arrondissement de Dax, on remarque surtout les cantons de Castex et de Soustous pour l'importance des massifs producteurs.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1894

39 Ch. BROILLIARD.

 

La région du chêne-liège, ou région subérienne, est circonscrite entre la partie sud-ouest de l'océan Atlantique qui commence dans les environs de Bordeaux, remonte vers les landes de Gascogne et suit le Portugal dans presque tout son entier. « Là où il y a du sable, il y a du liège. » Les Landes et le Lot-et-Garonne fournissent des qualités très estimées.

Dans le Lot-et-Garonne principalement, on trouve des lièges bâtards, de très grand planchage, qu'on ne rencontre pas ailleurs. Dans le Lot-et-Garonne, on calcule que l'étendue des forêts de chênes-liège couvre une superficie de 11.000 hectares.

 

L'exploitation du liège a lieu sur divers points du département, mais principalement dans la partie du littoral qui s'étend de Bayonne à Léon et un peu au-delà. Les surfaces exploitées sont estimées à 13.000 hectares dont 10.000 appartenant aux particuliers et 3.000 aux communes. Dans l'arrondissement de Dax, on remarque surtout les cantons de Castex et de Soustous pour l'importance des massifs producteurs.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1892

20 E. J.

 

Dans la vieille forêt de la Teste, près d'Arcachon. Le pin maritime est naturellement mélangé de chêne pédonculé.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1890

9

G.S.

 

En une seule année, j'ai entendu dire plus de cent fois par des paysans ou par des résiniers  « le pin, ce n'est pas comme le chêne (lou cassou), il ne faut pas avoir peur de l'éclaircir. »

 

C'est également l'avis de tous les forestiers de la région, propriétaires ou praticiens, et, s'il était vrai que le grossissement diamétral se produit aux dépens de l'allongement, le pin maritime devrait être considéré comme une anomalie, une monstruosité. Les plus élevés sont généralement les plus gros et les plus forts, abstraction faite des arbres venus dans des conditions particulières d'isolement, sont presque toujours les plus élevés.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1888

37 Ch. Lefebure

 

Je n'ai pas à reproduire ici tous les avantages économiques et culturaux que présentent les forêts mélangées ; ils sont connus de tous les forestiers et prônés dans tous les ouvrages de sylviculture.

 

J'insiste seulement sur ce point : les méthodes d'exploitation forestière excluant le remplacement à court terme d'une plante par une autre, nous devons nous rapprocher autant que possible du principe de l'alternance, non pas en faisant succéder régulièrement une espèce à une autre, mais en les cultivant simultanément, c'est-à-dire en favorisant le mélange des essences mais en se gardant surtout des extirpations absolues.

 

On doit, suivant moi, éviter avec soin ces prescriptions radicales que j'appellerais plutôt des proscriptions, qui frappent tous les représentants d'une essence ; elles peuvent être prises à la lettre par un personnel très discipliné, qui exécute aveuglément l'ordre de ses chefs et inflige la peine capitale à tous les bouleaux, même aux innocents : « Tuez-les tous, Dieu saura reconnaître les siens ! » Les bouleaux peuvent encore repousser du pied, mais si l'hécatombe s'applique à des pins, le mal est sans remède. Ainsi, pas de guerre systématique ; laissons un peu la nature agir à sa guise.

 

Quoi de plus beau, d'ailleurs, que ces massifs mélangés avec leurs sous-bois pleins d'ombre et de mystère ?

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1869

19 A. BURGER

 

Une autre espèce de chênes exploitée aussi pour son écorce. Le Quercus occidentalis, qui parait n'être qu'une variété du Q. suber, croît en mélange avec le pin maritime dans les départements des landes et du Lot-et-Garonne.

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 

1867

64 A E. Béraud

 

Le chêne-liège est indigène et se reproduit naturellement dans les sables du sud-ouest du département des Landes, tandis que nous l'avons rarement rencontré à l'état naturel dans les terrains semblables du département contigu de la Gironde.

 

Le chêne tauzin habite les sols maigres, le plus souvent à base siliceuse, de certaines provinces de l'ouest de la France.

 

Enfin, nous pourrions encore citer, sur les côtes du golfe de Gascogne, des dunes de sable qui, au commencement de ce siècle, avaient été peuplées en résineux exclusivement, et dans lesquelles cependant le chêne ordinaire et le chêne-liège se sont plus tard montrés et multipliés par une cause toute naturelle. Les oiseaux domiciliés dans ces forêts, ou ceux qui les habitent momentanément pendant leurs migrations périodiques, recherchent les glands des chênes d'alentour et s'en nourrissent ; mais quand ils sont rassasiés, un instinct depuis longtemps observé les porte à en disperser un grand nombre aux mille places où ils s'arrêtent dans leurs courses aériennes. Ainsi dispersés sur un sable toujours meuble et sous le clair et léger feuillage des pins, les glands ne tardent pas à germer et à produire un peuplement considérable de chênes, vivant dans une merveilleuse affinité avec les résineux au milieu desquels ils sont nés.

 

Libre d'user et d'abuser des biens dont il dispose, l'homme a des moyens de destruction encore plus énergiques que les forces naturelles de la reproduction des plantes. Et il est évident qu'actuellement la société aurait plus d'intérêt à conserver le peu de forêts qui lui restent, qu'à les détruire. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.