Le Pin Maritime est un puissant Vide-Cave.

Depuis 150 ans, les capacités exceptionnelles d'assèchement des sols par le pin maritime sont reconnues de tous.

 

Le document ci-dessous est basé sur un fond de plan Géoportail de 2019.

 

L'IGN a cartographié l'occupation du sol des forêts sur le bassin versant de la vallée du Ciron.

La couleur mauve représente les surfaces de plantations de pins maritimes.

La couleur beige représente les coupes rases et/ou les jeunes plantations de pins maritimes.

La couleur verte représente les zones de feuillus.

Nous avons ajouté en bleu les lagunes, marécages et zones humides mentionnées sur la carte du Conseil Général de 1875. 

 

Ces réservoirs d’eau naturels alimentaient le bassin ouest et nord-ouest du Ciron. Aujourd'hui, toutes ces zones ont été plantées de pins en quasi-totalité ou ont disparu.

Cette carte montre que la quasi-totalité du territoire du bassin du Ciron est désormais planté de pins.

Aujourd'hui, la surface de feuillus est ridicule, réduite principalement le long des ruisseaux sur de faibles emprises.

Une autre observation, des plus inquiétantes, c'est la présence de plantations de pins aux sources des rus et ruisseaux, dans leur lits majeurs, mineurs et en ripisylve et cela sur plusieurs centaines de mètres de cours d'eau.

Depuis plusieurs décennies des centaines et des centaines d'hectares anciennement dévolus aux cultures agricoles traditionnelles (céréales, tabac, vergers, vignes etc…) et aux pâturages sont enrésinés avec le pin maritime. La biodiversité de ces paysages avec leur cortège de faune et de flore a été ainsi éradiqué.

 

Cette carte met aussi en évidence la politique stratégique de l'agriculture industrielle qui s'est implantée sur de grandes surfaces dans les espaces hydrographiques des sources, chevelus, zones humides et lagunes du bassin versant du Ciron.

Cette politique de cultures industrielles (plus de 7000 hectares) par l’assèchement des sols pour la mise en culture et le pompage des nappes phréatiques pour l'irrigation contribue fortement à la diminution de l'alimentation en eau des ruisseaux du bassin versant du Ciron.

 

La surface du bassin versant du Ciron est de l'ordre de 130 000 hectares, et la monoculture du pin en occupe environ 70%.

Pour la sauvegarde et le rétablissement du réseau hydrographique et d'une biodiversité arboricole et végétale, nous nous devons de cloisonner à 50%, voire plus, les champs de pins avec des espaces de pare-feux, de feuillus en régénération naturelle ou anthropique, de pâturages, de landes, de cultures agricoles de faible surface respectueuses de la nature.

 

La culture des champs de pins et des plantes industrielles induisent une pollution constante et régulière des sols et de l'eau par d'importants apports de pesticides et d'intrants.

 

Au plus proche des citoyens-nes, les conseils d'administrations de deux grands organismes, le Syndicat Mixte d'Aménagement du Bassin Versant du Ciron (élus locaux) et la Fédération de Pêche de la Gironde, sont localement en première ligne pour leurs implications, actions et compétences.

 

Aujourd'hui, quid de la politique de l'eau au vu de la situation problématique de l'occupation du sol par les champs de pins et les cultures agricoles industrielles qui induisent l’assèchement et la pollution du bassin versant du Ciron.

 

 

 


1937

Revue des eaux et forêts

Pierre BUFFAULT.

 

"Les grands ateliers de fixation des dunes de Gascogne avaient laissé sans les boiser beaucoup de lettes qui étaient humides, plus ou moins enherbées, ou même à l'état de mares ou de petits lacs.

Ces lettes s'asséchèrent au fur et à mesure que grandissaient les pins semés sur les dunes environnantes. "

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1908

25 HENRY

 

Dans la Revue des Eaux et Forêts de 1906 (p. 4941, j'ai signalé en quelques mots les résultats des sondages exécutés en 1902 par M. Ototzky dans les Landes de Gascogne, dans le périmètre limité par les communes de Morcenx, Arenglosse, Luglon et Sabres. Partout il a constaté l'abaissement du niveau de la nappe des puits sous les peuplements de pin maritime. Sur les trois coupes figurées dans son livre : Les Eaux souterraines et les Forêts, principalement dans les plaines des latitudes moyennes, la dépression a été de 0,m70 de 0,m96 et de 1 mètre. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1883

60 E. BLANC.

 

Si, comme nous n'en doutons pas, M. Duponchel a parcouru les diverses parties des Landes, il y a vu certainement, dans les localités les plus variées et les moins favorisées au point de vue du sol, ces chênes qui poussent spontanément partout, sauf dans les dunes les plus voisines de la mer, et dont la végétation est magnifique et d'une rapidité extraordinaire. 

Depuis Brémontier les travaux entrepris dans les Landes ont marché, le reboisement qu'on se représente en général comme en cours d'exécution s'est effectué, et la lande rase ainsi que la dune blanche n'existent plus que dans la mémoire des habitants. Les propriétaires du pays ne vendent plus, comme au temps de Maître Pierre, l'hectare de terre pour 9 francs, et les heureux possesseurs du sol sont devenus de gros capitalistes, tirant de forts revenus de, leurs forêts de pins.  

 

Pourtant le reboisement en chêne n'était pas impossible ; quelques propriétaires intelligents, en tête desquels on peut citer M. Chambrelent ingénieur des ponts et chaussées, ont fait dans ce sens des essais couronnés de succès. Malheureusement, de 1861 à 1865, l'Etat, en vertu des lois du 28 juillet 1860 et du 13 mai 1863, a aliéné les belles forêts qu'il avait créées dans les dunes, ne gardant que les parties les plus jeunes ou les plus stériles, notamment la zone la plus rapprochée de la mer.

Cette opération, avantageuse au point de vue financier, puisqu'elle a produit plus de 13 millions, s'étant faite au moment de la hausse des résines causée par la guerre de sécession des Etats-Unis, qui suspendait les arrivages de ce pays, a été désastreuse au point de vue de l'intérêt général et de l'avenir des forêts, car elle a livré au caprice, à la mauvaise administration et à l'inexpérience des particuliers les beaux massifs créés au prix de laborieux efforts.

 

A chacune de ces maisons est attenant un carré de seigle, dont les chaumes grêles et démesurément écartés les uns des autres surgissent d'une manière étrange d'un sable pulvérulent et grisâtre comme de la cendre, et devant chaque bâtiment s'étend un petit espace couvert d'une herbe fine, courte et rare, ombragée par un groupe de chênes qui ont en général des dimensions colossales. Beaucoup d'autres vieux chênes semblables se rencontrent épars çà et là au milieu des pins ou dans le voisinage des étangs. Il est probable que leurs devanciers couvraient autrefois tout le pays et que ce sont les derniers vestiges de la vieille forêt d'Aquitaine.

 

Ce qui frappe l'observateur, c'est qu'à côté de ces arbres magnifiques il n'en existe que très peu de plus jeunes capables de les remplacer un jour. Les habitants n'ont nul souci de propager les jeunes chênes ou simplement d'empêcher leur destruction par les troupeaux de moutons et de chèvres; au contraire, il regardent cette  essence comme étant de nul rapport et sans aucune valeur, tandis que le pin, Varbre pin, comme ils disent, leur donne un revenu immédiat et permanent par sa résine.

Aussi, pour faire place aux arbres pins, ils arrachent avec soin, comme de mauvaises herbes, les chênes qui, si l'on voulait, transformeraient la pignada en une magnifique futaie. 

 

Dans cette région, la rapidité de l'accroissement du bois, aussi bien pour les chênes que pour les pins, est le triple en diamètre, c'est-à-dire presque le décuple en volume de ce qu'il est dans le nord et l'est de la France. Contrairement à un préjugé généralement admis, les Landes conviennent parfaitement à la culture du chêne, et c'est là qu'il serait facile d'obtenir, rapidement et sans efforts, des chênes plus beaux et plus nombreux que n'en produiront jamais, dans un temps quadruple, toutes les forêts de l'est de la France, où cette précieuse essence fait l'objet de soins minutieux et compliqués.

 

On sait aujourd'hui que les divers végétaux ne puisent pas dans le sol tous les éléments nécessaires à leur nourriture et à leur accroissement. C'est à l'air qu'ils en empruntent la majeure partie sous la forme gazeuse. C'est ce qu'ont nettement établi les expériences célèbres et déjà anciennes de Boussingault, de Saussure, de Barrai, de Ville, de Schlœsing et de leurs successeurs. 

Mais le chêne n'est pas non plus fort exigeant ; ce qu'il demande au sol, c'est moins la richesse au point de vue chimique que certaines propriétés physiques, la profondeur, la légèreté, la perméabilité et une certaine fraîcheur.

Ces conditions, il les rencontre dans les Landes : dans leur sol léger, perméable à l'air et peu résistant ; il peut développer à l'aise ses puissantes racines, qui y trouvent l'air nécessaire à leur respiration, et en même temps l'eau dont elles ont besoin, car la couche d'alios imperméable qui existe sous le sable conserve, à sa surface, une nappe souterraine d'où s'élève sans cesse par capillarité de l'eau qui entretient dans le sable une humidité constante et qui, bien que très faiblement chargée de matières minérales solubles, en contient cependant assez pour suffire à l'alimentation de l'arbre. 

Rien ne serait plus facile que de créer dans les Landes de magnifiques forêts de chênes ; nous ne proposons pas d'ailleurs de détruire le pin là où il existe pour lui substituer cette essence ; ce serait une mauvaise spéculation. Il suffirait de ne pas détruire systématiquement le chêne comme on le fait aujourd'hui, de le protéger, de le laisser s'établir là où il vient naturellement, et, lorsque les pins actuels arriveront au terme de leur existence, de favoriser leur remplacement par le chêne, ce qui tendra à se faire spontanément.

 

Quel est en effet le résultat du gemmage ?

Il donne de la résine, c'est vrai, mais cette résine, qui a atteint des prix fabuleux et a enrichi d'une façon colossale les propriétaires du pays pendant la guerre de Sécession, ne peut, en temps ordinaire, soutenir la concurrence des résines d'Amérique, que le pin austral et le pin de Floride produisent en quantité plus abondante et dans des conditions plus économiques que le pin maritime. 

Ce changement dans les coutumes locales rencontre certainement une vive opposition chez les propriétaires du pays, imbus de préjugés étranges relativement à la végétation et à l'exploitation des pins, et auxquels l'Etat a eu le tort, de 1861 à 1865, d'abandonner les belles forêts qu'il avait créées, en ne gardant que les plus pauvres. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1880

57-58 GOURSAUD

 

Sur les dunes anciennes.

Les lettes, couvertes d'eau autrefois, sont aujourd'hui complètement desséchées ; on n'y trouve plus la

moindre trace de lagune, et la plupart sont ensemencées ; c'est à peine si on peut distinguer leurs directions et leurs contours. C'est dans toute cette région qu'on trouve le chêne occidental à l'état spontané, en mélange avec le pin, ou formant des peuplements où il domine ; 

 

Je dois reconnaître que dans toutes les lettes basses on rencontre une nappe d'eau à une faible profondeur, mais qui, probablement, est supérieure encore au niveau des étangs. En creusant des puits pour l'usage des maisons forestières, on a pu constater que chaque année le niveau baisse ; depuis leur construction, il y a une différence de plus de 1 mètre. 

« En explorant, en 1855 (1), de vastes lettes que j'avais parcourues en 1847 et en 1850, je remarquai avec surprise la disparition de plusieurs petits étangs, de plus de 1 mètre de profondeur. Je ne pouvais attribuer ce fait à une de ces sécheresses comme nous en avons quelquefois ; le printemps et le commencement de l'été avaient été, au contraire, pluvieux, et ces eaux résistent d'ailleurs au soleil, bien au-delà du commencement de juillet. »

Non seulement l'eau a disparu complètement à la surface, mais le plan d'eau inférieur a baissé et baisse chaque année. L'ajonc, qui, en 1820, ne pouvait y vivre à cause de l'humidité, y meurt aujourd'hui par la trop grande sécheresse du sol. Les plantations de pins y réussissaient fort bien autrefois, après le dessèchement superficiel ; aujourd'hui, ce sont les parties des dunes où l'ensemencement est le plus difficile. Les jeunes plants croissent et paraissent d'une belle venue pendant les deux ou trois premières années, puis une sécheresse un peu prolongée arrive, qui les brûle et les détruit. Voici l'explication que je crois devoir donner de ce dessèchement continu des lettes : 

Grâce au boisement, l'eau n'est plus tombée sur le sol en grande masse, mais divisée à l'infini par les feuilles, les branches et en coulant le long du tronc jusqu'aux racines les plus profondes. Le sol superficiel a lui-même été recouvert par de nombreuses aiguilles de pin qui, en se décomposant ont augmenté l'hygroscopicité du terrain, tout en entravant l'écoulement direct à la surface ; d'autant plus que, sous beaucoup de peuplements, croissaient le genêt et l'ajonc épineux, formant un sous-bois impénétrable.

A mesure que les pins grandissaient, cette influence a dû se faire sentir bien davantage, et lorsque les lettes elles-mêmes ont été boisées, on peut dire que l'écoulement a été réduit à son minimum. 

Je ne me suis point arrêté à l'idée de discuter l'assèchement des lettes par les nombreuses racines des pins, genêts, ajoncs et plantes diverses qui absorberaient l'eau au passage de la nappe souterraine, communiquant avec celle des étangs. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1877

17 R. Mer

 

« M. Burger a probablement raison, en attribuant le dessèchement des sols peuplés de pins à la formation de la résine. Les landes ont été assainies par le pin d'une manière remarquable, et quand on voit l'abondance de résine qui coule d'un arbre, on comprend que cet arbre a dû absorber une énorme quantité d'eau.

Le pin maritime étant celui qui dessèche le mieux, la proportionnalité entre le dessèchement et la résine semble avoir sa raison d'être. »

C'est en voyant, nous-même, l'abondance de résine qui s'écoulait de toutes parts de l'écorce de trois beaux sapins épicéa de 0m70 à 0m75 de circonférence environ, que nous avons songé à l'obligation où devait être cet arbre d'absorber, pour cela, une très-forte proportion d'eau, sachant très bien que l'eau était la seule source possible d'où la végétation pouvait tirer l'hydrogène.

 

M. Poucin

1° Le pin maritime est un instrument d'assainissement. On en trouve, à chaque pas, la preuve dans les dunes et dans les landes de la Gironde, et c'est un fait que personne ici n'oserait contester. Dans la forêt de Planard entre autres (arrondissement de Lesparre), les anciens gardes ont vu des lettes ou bas-fonds dans lesquels l'eau était stagnante et pouvait porter bateau. Depuis que ces lettes et les dunes qui les avoisinent sont boisées, l'eau n'y séjourne plus et que le sol en est complètement assaini le niveau moyen de l'eau dans lés grands étangs situés au pied des dunes a sensiblement baissé ; mais il est juste d'ajouter que la cause de ce phénomène est complexe ; le boisement en est, selon moi, la cause principale.

Les ingénieurs, sans nier l'effet du boisement, attribuent surtout ce résultat à un canal de dessèchement qui relie ces étangs comme pour en faire un chapelet.

« Les autres résineux absorbent aussi l'eau du sol dans une forte proportion. Le pin sylvestre, par exemple, a contribué à assainir notablement la forêt d'Orléans.

 

« 2° Le pin maritime commence à donner une résine abondante de 25 à 30 ans. Quand l'arbre est bien conduit, cette production continue très longtemps. Dans la grande forêt usagère de la Teste, on voit des vieux pins qui portent jusqu'à 60 quarres ; supposez que ces quarres aient été ouvertes de 4 en 4 ans (on les ouvre plus généralement de 5 en 5 ans), l'exploitation de ces soixante quarres représente 240 ans ; ajoutez à ce chiffre l'âge de l'arbre avant la première quarre, 30 ans ; vous voyez que les arbres de la Teste (les plus vieux que je connaisse) ont pu donner de la résine jusqu'à 270 ans.

 

« Il est difficile de dire à quel âge la production annuelle atteint son maximum ; mais, d'après ce qui se passe sous nos yeux, dans le reste de la nature, ce n'est ni au commencement ni à la fin de la vie de l'arbre.

 

« Il est plus facile de décrire le facies du pin, bon producteur de résine. « C'est un arbre court, gros, trapu, à tête très développée et bien garnie de branches ; un arbre que j'appellerais volontiers apoplectique. Sa circonférence, à 1 mètre du sol, doit avoir, au minimum, lm10 pour qu'il puisse supporter le gemmage sans inconvénient. La hauteur de sa tige ne sera dans les dunes que de 6 à 8 mètres ; elle atteindra dans les landes

de 12 à 15 mètres. Les houppiers de six à sept pins suffisent pour donner 1 stère de branches. Un pareil sujet ne peut se trouver que dans un massif très clair, et amené progressivement à ne contenir par hectare que 200, 180 et même 160 arbres. « 11 est à noter que plus on se rapproche de la mer, plus la végétation ligneuse se ralentit, tandis que la production résineuse va en augmentant en quantité et aussi en qualité. C'est pour cela que je vous indique dans les dunes une hauteur de tige moindre que dans les landes, qui sont séparées de la mer et abritées par les dunes.

 

« 3° La production annuelle en résine d'un pin moyen (gemmé à vie) varie de 3 à 4 litres pesant 900 à 950 grammes l'un.

 

« 4° Vous me demandez ce que le mètre cube de pin sur pied donne de résine. Il n'y a aucun rapport entre le volume de la tige d'un arbre et sa production en résine. Ce que je viens de vous dire sur le faciès du pin bon résinier, et sur la végétation comparée dans les dunes et dans les landes, vous le fait aisément comprendre.

« La production de la résine serait plutôt en proportion avec le développement du houppier. »

 

On voit combien ces faits concordent avec nos propres appréciations et quel faisceau de preuves  s'accumulent pour attirer l'attention du forestier sur une bonne répartition de l'eau, de l'air et de la lumière dans les massifs, en obéissant aux aptitudes de chaque essence, et en ne perdant pas de vue que  l'emplacement toujours assez obscur qu'occupe un sujet dans le sol décide presque toujours, par le faciès qu'il prend, de la liberté d'action et d'expansion qu'on doit lui accorder à l'extérieur. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1877

63 A. Burger

 

Enfin, nous croyons que notre table des facultés asséchantes de quelques essences forestières, fera ressortir mieux qu'elle ne l'est, la valeur du principe cultural du mélange des essences, de l'association des espèces diverses entre elles. Non pas seulement au seul point de vue du couvert plus épais que quelques-unes d'entre elles peuvent procurer au sol, pour le préserver d'une trop grande évaporation ; mais aussi, et c'est là le fait particulier qui peut avoir de l'importance et une utilité réelle, au point de vue de leurs facultés diverses d'absorption de l'eau. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1870

61 E Béraud

 

Ce fait a une très grande analogie avec l’assèchement, par le pin maritime et par le pin sylvestre, des terres mouillées et humides ; Cet assèchement est un fait d'observation journalière, et dans la chaîne de dunes de sables siliceux et mobiles qui s'étend en Saintonge, entre l'embouchure de la Seudre et celle de la Gironde, on peut déjà remarquer la baisse du niveau de l'eau, à mesure que grandissent les pins maritimes semés, depuis quelques années, pour la fixation de ces dunes ; force est même, en ce moment, de retenir, pour les besoins de la végétation des pins, les eaux douces qu'on avait cru devoir, dès le principe, rejeter, par un canal d'assainissement, à la mer. 

 

Mais s'il ne peut y avoir de doute sur la réalité de l'assèchement des terres humides par les pins maritimes et sylvestres, et même du tarissement des sources de Saint-Amand par le sylvestre, quelle est la cause de ces faits ? 

Il nous semble que dans les recherches auxquelles se sont livrés, à ce sujet, des esprits savants et ingénieux, il n'a pas été tenu assez compte du rôle d'un organe essentiel du pin et de toute plante, du rôle de la racine ;

que la cause des assèchements et tarissements signalés est plus simple qu'on paraît le croire et que la puissance d'absorption des eaux du sol par les racines des pins sylvestres et maritimes est cette cause principale.

 

Qu'on déracine, comme nous l'avons fait faire, des pins de ces espèces, ainsi que des chênes semés en même temps, ayant le même âge et croissant sur le même sol que ces pins, et qu'on compare l'organisation racinale des résineux avec celle des feuillus, on sera frappé de la différence.

Chez le maritime à la fois pivotant et traçant, un fort pivot s'enfonce profondément dans le sol ; les autres racines composant le chevelu, et dont plusieurs partent du collet de la racine, sont grosses, longues, abondantes et disséminées tout autour du pivot auquel elles adhèrent. 

Quant au maritime et au sylvestre, leurs racines souffrant de la gêne que leur causent celles de pins trop rapprochés, ces résineux supportent plus volontiers le voisinage du chêne ou d'autres feuillus à racines moins étendues et par conséquent moins gênantes que celles de leurs congénères.

 

On attribue le plus souvent, il est vrai, l'étiolement et le dépérissement des pins très-serrés à ce que le manque ou l'insuffisance de lumière empêchant, quand ces arbres sont en cet état, le développement de leurs branches et de leurs feuilles, ils ne peuvent décomposer dans l'air assez d'acide carbonique et s'assimiler la quantité de carbone qui leur est nécessaire ; on estime même qu'ils ont d'autant plus besoin de lumière que leurs minces aiguilles décomposent moins activement l'acide carbonique que les feuilles plus larges des essences feuillues.

Du reste, si les forêts de pins maritime et sylvestre ont la propriété d'assécher le sol et peuvent tarir des sources dans des terres analogues à celles de Saint-Amand, tout tend à démontrer que les forêts feuillues, généralement situées sur des terrains d'une composition minéralogique différente de celle des terrains qui conviennent aux pins, servent, au contraire, à la formation ou tout au moins à la conservation des sources.

 

Quant au maritime et au sylvestre, leurs racines souffrant de la gêne que leur causent celles de pins trop rapprochés, ces résineux supportent plus volontiers le voisinage du chêne ou d'autres feuillus à racines moins étendues et par conséquent moins gênantes que celles de leurs congénères. 

 

En résumé, de ce qui précède, il semble qu'on peut sûrement conclure que l'organisation des racines de pin maritime et sylvestre, leur puissance d'absorption des eaux du sol, sont les véritables causes de l'assèchement des terres et même, dans certains cas, du tarissement des sources par les forêts de ces essences.

 

Au sujet des défrichements des forêts :

Les défrichera-t-on moins ? Continuera-t-on, au contraire, à les faire disparaître ?

Question douteuse, car avec l'égoïsme de l'esprit humain, l'intérêt privé et l'intérêt du moment tendront toujours à prévaloir sur l'intérêt général et sur celui de l'avenir ; mais on sera du moins averti, on saura, du moins, à quelles conséquences on s'expose en autorisant les défrichements et on ne manquera pas d'excellentes raisons pour s'y opposer quand on le voudra. 

Toutefois, je le répète et j'insiste sur ce point, le fait de ces assèchements n'exclut nullement la propriété  qu'ont les forêts, et surtout les forêts feuillues, dans certaines conditions de sol et de peuplement, de servir à la création et à la conservation des sources. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1869

16 D'ARBOIS DE JUBAINVILLE.

 

Dans l'étude sur le chêne et ses auxiliaires que M. Béraud a publiée en 1863, il rapporte que la culture du pin maritime sur les dunes de Gascogne en dessèche les lagunes qu'on transforme alors en pineraies ; et cette merveilleuse aptitude du pin maritime à dessécher les terrains inondés, il l'attribue à la grande quantité d'eau que ce résineux absorbe pour les besoins de sa végétation.

Quelle que soit la cause de ce phénomène, il n'en reste pas moins acquis à Ia météorologie forestière que, si aux bois feuillus est réservé le rôle d'alimenter abondamment les sources, aux pins, en revanche, appartiendrait la propriété non moins remarquable d'assainir les sols où l'humidité est en excès. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1869

19 A. BURGER.

 

On voit par ces chiffres qu'un résineux, pour obtenir de l'eau le poids d'hydrogène nécessaire, soit 12 kilogrammes, à la fabrication de 100 kilogrammes de térébenthine, doit décomposer, par le moyen d'un des produits hydratés dont nous avons parlé plus haut (C12Hon), un poids d'eau représenté par 150 kilogrammes.

Or un pin maritime de vingt-cinq ans fournirait en moyenne 2 kilogrammes de résine brute dans l'année. En vieillissant, son rendement augmente et il monte de 6 à 8 kilogrammes vers soixante et dix ans (1).

(1) Dictionnaire de chimie pure et appliquée, par Ad. Wurtx, membre de l'Institut (Acad. des sciences). 4c fascicule, feuilles 31 à 40.1868.

 

Prenons dans ces deux rendements extrêmes une moyenne, soit un pin de quarante-sept ans et un rendement de 5 kilogrammes en térébenthine brute. Cent pins de quarante-sept ans auront donc besoin, par an, pour cette fonction-là seule, formation de résine, de 108 litres d'eau ou 1hl 8 litres, mille pins de 10 à 11 hectolitres.

 

FACULTÉ ASSÉCHANTE DE QUELQUES ESSENCES, CELLE DU CHÊNE ÉTANT DE 1.

 

Pin      2,49

Peuplier     2 

Aune          1,86

Cerisier     1,50

TILLEUL    1,45

Bouleau     1,35

Chêne        1 

 

On peut donc fixer, sinon la quantité absolue d'eau absorbée par un massif de pin sur une surface donnée, au moins dire que, à volume égal, cette quantité absorbée sera à celle qu'absorberait un massif de chêne dans la proportion de 2,49 à 1 et s'expliquer, suffisamment l'effet asséchant dénoncé par M. d'Ârbois de Jubainville. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


1864

65 E Béraud

 

Dans les dunes du golfe de Gascogne, la graine de pin maritime est toujours ensemencée avec celle de genêt. Croissant plus promptement que le pin,cet arbuste conserve non seulement aux sables leur fraîcheur, mais protège le résineux pendant ses premières années contre les atteintes d'un soleil trop ardent.

Le plus souvent, sans ce mélange, le pin ne pourrait réussir, tant il est vrai qu'en certains terrains et en maintes circonstances, quantité d'essences forestières ont besoin, dans leur jeune âge, d'auxiliaires ou de protecteurs. 

 

On a proposé plus d'une fois de traiter les forêts comme les champs, de les exploiter par défrichement, d'en soumettre le sol aux mêmes labours qu'en agriculture, et enfin d'enterrer les semences forestières comme les graines des céréales ; mais on oublie que la production des essences forestières différant par sa spontanéité de la production des plantes agricoles, impossible sans la culture artificielle la plus perfectionnée, les procédés de culture doivent être en rapport avec ces modes de production ; qu'ainsi, à la production des semences forestières doit correspondre dans les terrains boisés, surtout dans ceux boisés en futaie, toujours les plus susceptibles de régénération naturelle, une culture tout autre et surtout plus simple, du moins quant au traitement du sol, que la culture artificielle indispensable pour la production des graines des céréales. 

 

Source gallica.bnf.fr / BnF.

 


BASSIN HYDROGRAPHIQUE DU CIRON

LAGUNES

CULTURES AGRICOLES INDUSTRIELLES